
ÉDITO
Militantisme féministe : un engagement souvent solitaire
Militer pour les droits des femmes n’est pas une posture de confort. C’est un engagement profond, exigeant, qui dérange. C’est un choix de vérité dans un monde bâti sur le silence, le déni et la complaisance vis-à-vis des rapports de pouvoir.
Avant de m’exprimer ouvertement sur les oppressions que subissent les femmes y compris dans les sphères les plus intimes , j’étais entourée. Des soutiens, des « amis », des admirateurs même. Mais tout cela tenait tant que je restais dans les limites convenues, tant que je ne remettais pas en question les fondements de la domination masculine.
Le jour où j’ai commencé à nommer les choses, à déranger le confort patriarcal, les masques sont tombés.
Militer, c’est déranger et en payer le prix
Ce n’est pas un phénomène isolé. C’est un fait habituel : toute femme qui s’élève, qui parle haut, qui revendique, est aussitôt ciblée. Non pour ce qu’elle dit réellement, mais pour ce qu’elle incarne : une menace à l’ordre établi. Alors viennent les attaques, les déformations, les campagnes de dénigrement. On sort vos propos de leur contexte, on invente, on salit. Non parce que vous êtes dans le faux, mais parce que vous touchez juste.
Il faut bien comprendre que ce n’est pas un désaccord d’idées. C’est une guerre contre la parole féministe, parce qu’elle ébranle des vérités que beaucoup veulent maintenir enterrées. C’est une panique morale face à une pensée qui exige de déconstruire, de renoncer aux privilèges, de regarder en face les violences normalisées.
Les dominées peuvent aussi être les relais de la domination
Ce rejet ne vient pas uniquement d’hommes. Il vient aussi de femmes qui, en défendant les schémas patriarcaux, croient se protéger ou se rendre acceptables. Mais ce n’est pas la paix qu’on obtient ainsi. C’est la perpétuation d’un système injuste, où les plus vulnérables paient le prix fort.
La vérité, c’est que militer pour la justice demande de l’endurance. Parce que la justice n’est pas une valeur spontanément partagée. Elle dérange les égos, les intérêts, les conforts établis. Elle exige de regarder au-delà de soi.
Dans nos contextes, parler de justice n’a jamais été un luxe. C’est un combat de chaque instant, mené souvent dans la solitude. Mais c’est aussi un combat noble, digne. Un combat que l’histoire finira toujours par honorer, même si le présent le rejette.
Je continuerai de m’exprimer, non par goût de la polémique, mais parce que se taire, c’est trahir. Et je crois que la justice est un cap même quand elle est impopulaire. Peut-être surtout quand elle l’est.

0 comments