
Intimité des femmes
Dignité menstruelle : vivre ses règles ne devrait pas être un luxe
Dans nos pays, avoir ses règles reste encore une épreuve. Une épreuve physique, bien sûr. Mais surtout une épreuve sociale, économique et politique. Quand on parle de dignité menstruelle, on ne parle pas de confort, on parle de justice. Parce que trop souvent, les règles riment avec silence, précarité et exclusion
Ce que ça signifie, très concrètement
Avoir ses règles, c’est ne pas toujours avoir les moyens d’acheter une protection hygiénique adaptée. C’est manquer l’école ou le travail par manque de protections. C’est n’avoir aucune intimité pour se changer dans une école sans toilettes propres, sans eau, sans savon. C’est souffrir, et entendre que « c’est normal ». C’est être moquée, exclue, réduite au silence.
C’est aussi vivre dans une société où les menstruations ne comptent pas. Pas dans les budgets, pas dans les politiques publiques, pas dans les lois
La santé menstruelle est un droit fondamental
Ce n’est pas une faveur. Ce n’est pas une question privée. C’est une question de droits humains. Ce qu’on appelle dignité menstruelle, c’est l’exigence d’avoir des informations claires et accessibles sur les menstruations et sur son propre corps. Des protections hygiéniques adaptées, accessibles et non toxiques. Des infrastructures sanitaires dignes, en ville comme en zone rurale.
Le droit de ne pas être pénalisée à l’école, au travail, dans la vie publique. C’est le droit d’exister, même quand on a ses règles.
Les menstruations sont un sujet tabous
La discrimination menstruelle, ce n’est pas juste des stéréotypes ou des moqueries. C’est un système entier qui refuse de prendre en compte les besoins des personnes menstruées.
Pourquoi les douleurs menstruelles sont-elles invisibles dans les systèmes de santé ? Pourquoi les filles doivent-elles improviser avec des bouts de tissu ? Pourquoi les règles ne sont-elles toujours pas intégrées dans les politiques éducatives et sociales ?
Parce que les règles sont toujours perçues comme une affaire honteuse. Parce que le sang menstruel dérange. Parce que les menstruations sont considérées comme une affaire intime exclusivement féminine.
La justice menstruelle, une lutte politique
Le concept de justice menstruelle, développé par la juriste Margaret E. Johnson, permet de nommer ce que beaucoup vivent sans pouvoir le dire : l’injustice de ne pas pouvoir gérer ses règles dignement.
C’est une injustice économique, quand les protections coûtent trop cher. C’est une injustice sanitaire, quand les douleurs ne sont pas reconnues. C’est une injustice sociale, quand les règles deviennent un obstacle à l’école, au travail, à la vie publique. Et c’est une injustice de genre, parce qu’elle touche les femmes, les filles, les personnes marginalisées.
Ce qu’il faut changer
Briser le silence ne suffit pas. Il faut changer les politiques, les priorités et les budgets. Il faut que les protections menstruelles soient gratuites ou subventionnées, surtout pour les plus précaires. Il faut une éducation menstruelle dès l’école primaire, pour toutes et tous. Il faut intégrer les besoins menstruels dans toutes les politiques publiques : santé, école, travail, infrastructures. Il faut surtout écouter celles qui vivent les règles, et pas uniquement ceux qui décident à leur place.
Parler des règles, c’est politique
On ne doit jamais parler des règles comme d’un détail. Parce que tant que nos règles seront ignorées, nos droits le seront aussi. Et parce que la dignité ne se négocie pas. Elle s’exige.

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