Déconstruire

13 Mai – Journée de la Femme Nigérienne : l’épuisement d’une militante

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Aujourd’hui, 13 mai, nous “célébrons” la femme nigérienne. Une journée censée rendre hommage à nos luttes, reconnaître nos contributions, rappeler nos droits. Mais que voit-on, chaque année ? Des uniformes. Des fêtes. Des danses. Des plats partagés. Des messages de “bonne fête” comme s’il s’agissait d’un anniversaire.

Et c’est tout.

Peu sur les combats à mener. Peu sur les violences que nous subissons. Peu sur les injustices structurelles qui rythment nos vies. La légèreté de ces célébrations masque une réalité bien plus sombre : notre statut n’évolue pas. Parfois, il régresse.

Les complices du patriarcat

Ce qui me fatigue le plus, ce ne sont pas seulement les hommes. Ce sont les femmes qui participent activement à la perpétuation du système patriarcal.

Celles qui récitent les discours sexistes continuellement.

Celles qui tournent en dérision les luttes féministes.

Celles qui se battent contre d’autres femmes pour mieux plaire aux hommes.

Celles qui choisissent d’ignorer, de ne pas savoir, de ne pas comprendre.

Celles qui refusent d’évoluer.

Oui, je suis fatiguée. Fatiguée de ces gardiennes zélées de l’ordre patriarcal, prêtes à sacrifier la dignité collective pour quelques miettes d’approbation masculine.

Une paresse intellectuelle dangereuse

Je suis en colère contre cette paresse intellectuelle qui pousse tant de femmes à ne jamais se remettre en question. À ne jamais lire. À ne jamais chercher à comprendre d’où viennent leur douleur, leurs difficultés, leurs frustrations.

Combien de fois ai-je entendu des femmes rire de blagues misogynes, sans même réaliser qu’elles en sont la cible ? Combien de fois ai-je vu des mères, des sœurs, des collègues renforcer les normes sexistes qui les étouffent elles-mêmes ? Trop souvent.

Ce refus de s’informer, de se déconstruire, est un choix. Et ce choix a des conséquences sur nous toutes.

L’ironie d’une journée qui nous trahit

Cette journée du 13 mai est censée célébrer notre force. Pourtant, elle met en lumière nos divisions, nos contradictions, notre immobilisme collectif. Elle me laisse un goût amer. Elle me rappelle que tant que nous ne serons pas solidaires, tant que certaines femmes préféreront être les complices du système qui les opprime, nos luttes resteront inachevées.

Je continuerai… malgré tout

Je continuerai de parler. De militer. D’écrire. D’éveiller les consciences, même si c’est douloureux, même si c’est épuisant.

Mais aujourd’hui, je prends le droit de dire ma fatigue. Mon exaspération. Mon ras-le-bol de voir des femmes se ranger du côté de leurs bourreaux, et tourner le dos à celles qui se battent pour leur dignité.

Journaliste et Communicante, fondatrice d’O’Fem Magazine, un média féministe engagé dédié à l’information et à la parole des femmes. Je dirige la publication d’O’Fem avec une conviction forte : l’information peut (et doit) être un outil de libération. Passionnée par le web, l’audiovisuel et les formats innovants, je m’intéresse particulièrement aux questions de jeunesse, d’entrepreneuriat féminin et d’égalité des genres. Féministe radicale, je déconstruis les normes patriarcales à travers mes écrits et mes prises de parole. Curieuse et sensible au monde, j’aime la musique, la lecture, la cuisine du monde et les voyages qui ouvrent l’esprit. Suivez-moi sur les réseaux sociaux pour découvrir mon univers, mes combats, et mes réflexions au fil des jours.

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