ÉDITO

Édito 13 Mai, à toutes les nigériennes

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Aujourd’hui c’est la journée de la femme nigérienne. 
Serait-ce une Nème célébration qui ne va rien changer au quotidien de la nigérienne?

Mais qui est la nigérienne ?

Non la nigérienne ce n’est pas que cette dame citadine, instruite, indépendante qui chaque année porte son pagne du 13mai pour célébrer ce jour. 

La nigérienne c’est aussi et surtout cette jeune fille, cette maman, cette femme dont la vie est rythmée par les corvées du quotidien.

La nigérienne se lève très tôt le matin pour aller puiser de l’eau, piler le mil, ramasser le bois, préparer à manger, faire la lessive.

La nigérienne, c’est cette femme qui se débrouille pour s’occuper d’elle et de ses enfants à travers des petits commerces, des travaux épuisants mais peu rémunérés.

La nigérienne, du matin au soir sans se plaindre et sans répit, elle se tue à la tâche pour sa famille.

La nigérienne c’est cette  fille qui ne va pas à l’école, ou même quand elle a la chance d’y aller ne va pas très loin dans les études. À 13ans, parfois même en dessous de cet age. ses parents l’enlève de l’école pour la donner en mariage.

La nigérienne, c’est cette jeune fille mutilée pour perpétuer la tradition.

La nigérienne, c’est cette fille qui subit le mariage des enfants et ou forcé.

La nigérienne, c’est cette femme fistuleuse abandonnée par son mari et sa famille.

La nigérienne, c’est cette cette femme qui meurt en couche, soit par manque de centre de santé proche ou dans les mains de personnels de soins non professionnels et incompétents. Passée sous silence elle meurt doublement.

La nigérienne, c’est cette femme affamée qui regarde impuissante son enfant malnutri.

La nigérienne, c’est cette femme qui n’a pas droit à la parole, à la décision. Quand elle est chez ses parents c’est son père qui décide pour elle, quand elle se marie c’est son mari qui décide pour elle.

La nigérienne,  c’est cette femme qui subit les violences de son conjoint mais à qui on dit « kala sourou »/ « say hankouri » (patience), c’est ton mari il a tous les droits sur toi, sans lui tu n’es rien.

La nigérienne, c’est cette jeune femme pointée du doigt parce qu’elle n’a « jusque là » pas un mari, elle a du coup moins de valeur.

La nigérienne, c’est cette femme qui n’arrive pas à avoir d’enfants. Sa belle famille la harcèle, la société la dévalorise, la rabaisse, la critique.

La nigérienne, c’est cette femme soumise, qui doit accepter les frivolités de son mari, parce que « c’est normal », les hommes ont droit à quatre (4) femmes.

La nigérienne, c’est cette femme divorcée avec des enfants et sans droits. Ou cette jeune femme divorcée, traitée de tous les noms car « c’est mal », « c’est de sa faute » et « c’est une mauvaise femme ».

La nigérienne, c’est cette aide-ménagère qui subit les humiliations de sa patronne et qui doit faire avec parce qu’elle a besoin de gagner sa vie.

La nigérienne, c’est ces femmes et ces petites filles qui mendient dans les rues, exposées à toutes sortes de dangers.

La nigérienne, c’est toutes ces femmes enlevées par les djiahadistes dans la région de Diffa et Tillaberi et dont seul Dieu sait ce qu’elles sont en train de subir.

La nigérienne, c’est toutes ces femmes qui subissent toutes formes d’injustices, de souffrances juste parce qu’elles sont femmes, et nigériennes. 

Chacune d’entre nous connaît au moins une nigérienne sinon toutes les nigériennes décrites dans ces lignes, si ce n’est nous même.

Nous ne pouvons peut-être pas du jour au lendemain changer les choses mais commençons quelque part…

N’est-il pas temps de briser ce cycle infernal ? N’est-ce pas notre responsabilité? 

Car oui le combat d’une femme doit être celui de toutes les femmes. Personne ne fera ce combat à notre place. Nous pouvons agir, chacune à notre niveau.

J’appelle aussi ces femmes au plus hauts sommets de l’Etat, ces femmes qui ont des pouvoirs décisionnels, à soutenir, poser des actions politiques pour lutter contre les injustices et les inégalités que les femmes subissent.  

Il est temps que nous agissions pour une vie plus épanouie pour toutes les nigeriennes. 

Nous pouvons: 

  • nous soutenir les unes les autres;
  • choisir de ne plus subir l’injustice quelque soit sa forme et d’où qu’elle vienne;
  • lutter contre les inégalités;
  • éduquer/apprendre à nos enfants: aux filles à avoir confiance en elles et se faire traiter dignement. Aux garçons à se comporter bien avec leurs sœurs, les femmes de la communauté.
  • traiter nos filles et nos garçons avec équité. Qu’aucun ne grandisse en croyant qu’il est supérieur ou plus méritant que l’autre; 
  • arrêter de nous battre entre-nous, de nous critiquer, nous vilipender, nous salir, nous calomnier, nous mettre les bâtons dans les roues, pour des intérêts égoïstes et mesquins.

Posons les jalons d’un nouveau départ, vers une société plus juste où les femmes et les hommes vivent équitablement, dans la dignité et l’harmonie.

Faisons de ce 13 mai le point de départ vers ce changement. 

Journaliste et Spécialiste en Communication, Digitale Entrepreneure. Fondatrice d’ Ir Didjo & d’O’Fem Magazine et Directrice de publication. Passionnée par le web et l’audiovisuel. S’intéresse aux questions de jeunesse et d’entrepreneuriat. Féministe Radicale. Aime la musique, la lecture, la cuisine et les voyages. Suivez-moi sur mes réseaux pour en savoir davantage sur moi.

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