Société

Maimou, 14ans, a accouché prématurément de deux jumeaux

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Voici l’histoire de Maimou, celle d’une petite fille de 13 ans qui a fait des pieds et des mains pour que son père la donne en mariage à un garçon dont elle s’était amourachée durant plusieurs mois.

Comme beaucoup de jeunes filles du village non scolarisées, Maimou une jeune fille orpheline de mère est arrivée à Niamey/Niger pour travailler comme aide-ménagère afin de subvenir à ses besoins les plus essentiels.

Le mariage précoce de Maimou

La première fois que j’ai rencontré Maimou, chez ma tante, c’était une petite fille immature, un peu la tête en l’air.  Je disais à ma tante : « où as-tu trouvé celle-là ? On dirait qu’elle n’a pas toute sa tête. »

Mais Maimou était tout sauf folle, c’était juste une enfant sans repère. Ma tante étant une femme très patiente, compréhensive et compatissante veillait sur elle comme elle le ferait sur sa fille.

Deux (2) ans plus tard, ma tante m’a appris que Maimou était sur le point de se marier et qu’elle cherchait une autre aide-ménagère. J’étais choquée ! J’étais surtout en colère qu’on puisse donner une petite fille d’à peine 13ans en mariage, surtout une comme Maimou, qui clairement se comportait encore comme une enfant de 8ans. Ma tante m’a rassurée que son père n’était pas d’accord mais que c’était elle, Maimou, qui a rencontré le garçon et qui voulait coûte que coûte se marier.

Son père étant d’un caractère plutôt doux et laxiste ne voulait simplement pas fâcher sa fille. Il a donc accepté bon gré mal gré le mariage. Ce qui pour moi était d’une irresponsabilité notoire car que savait-elle du mariage et de ce que cela impliquait ? après tout, ce n’était qu’une enfant ! C’était le rôle de son père de prendre les bonnes décisions à sa place.

Le mariage de Maimou fut célébré, elle a rejoint son « bourreau » que dis-je ? son mari, au village.

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Enceinte de jumeau à 14 ans

Un (1) an plus tard, en début d’année 2021, j’ai retrouvé Maimou chez ma tante. J’ai d’abord failli ne pas la reconnaître. Elle a visiblement perdue 2/3 de son poids, Visage pâle, calme comme une eau dormante. 

Troublée par ce que je voyais, je m’étais exclamée :  « Maimou , que t’est-il arrivée ? » Elle m’a regardée et était restée silencieuse comme une tombe. Ma tante m’a appris qu’elle était enceinte de jumeaux et souffrait d’une anémie sévère. Elle a rajouté que son mari voulait qu’elle retourne au village dans ces conditions, car ce dernier aurait appris qu’ici à Niamey l’accouchement requiert des frais, et que lui n’était pas prêt à dépenser un seul rond à l’hôpital.

Il lui a sommé donc d’aller au village, pour aider sa mère (la mère du mari) dans les tâches quotidiennes et accoucher dans sa chambre comme le font les femmes là-bas. L’état de santé de Maimou étant sa dernière préoccupation.

J’étais abasourdie par ce que je venais d’entendre et je répondais à ma tante qu’il ne fallait absolument pas la laisser retourner au village, elle n’ allait certainement pas s’en sortir. Et d’ailleurs je m’inquiétais de comment elle allait pouvoir mettre au monde des jumeaux, avec ce petit corps malade que j’avais sous les yeux.

L’histoire de Maimou depuis lors n’avait cessé de me hanter, j’en avais d’ailleurs parlé autour de moi.

Des douleurs au ventre l’ont conduites à la maternité à 6mois de grossesse

Entre le jour où j’ai revu Maimou et le moment où ma tante m’annonça qu’elle avait accouchée, il s’était écoulé 4semaines.

Le dimanche 7 mars 2021 , ma tante m’a envoyé deux messages vocaux whatssap pour m’informer que suite à de fortes douleurs Maimou avait été conduite à la maternité à 6mois de grossesse. La sage-femme leur annonça que la petite avait commencé le travail et qu’il fallait rapidement l’opérer. Mais avant que ’opération n’eut lieu Maimou avait déjà commencé l’accouchement. Les jumeaux prématurés étaient arrivés mort nés après un accouchement normal.

Son mari refuse de prendre ses responsabilités

Le mari de Maimou ayant été informé de l’admission de Maimou à la maternité par ma tante, a répondu clairement qu’il n’allait pas donner un franc pour les frais de la maternité. Reprochant qu’il avait prévenu sa femme de rentrer au village mais qu’elle avait refusé. 

Ma tante et sa voisine s’étaient chargées des premiers soins. Le lendemain, le père de Maimou, qui n’avait pas un rond sur lui a dû faire le tour de la ville pour empreinter de l’argent afin de compléter le reste des soins.

C’est ainsi que Maimou a pu être libérée de l’hôpital. Avec des recommandations de la sage-femme qu’il ne fallait absolument pas qu’elle retourne dans son mariage car étant trop jeune. Elle n’était pas en âge de prendre une autre grossesse, la conduire jusqu’à son terme et d’accoucher normalement.

Meurtrie par la douleur de l’accouchement, la perte de ses bébés et l’abandon de son mari, Maimou était rentrée chez son père.

Humiliations, Insultes et ménaces

Le mardi 9mars2021 dans la nuit, j’ai pu enfin me rendre chez Maimou pour m’enquérir de son état de santé et son état émotionnel. Je l’ai trouvé en larme sous le hangar qui leur servait de domicile, il lui manquait le strict minimum. Ce soir-là elle avait à peine dîner. Elle nous raconta ma tante et moi, que son « bourreau » venait juste de partir. Il était venu pour l’humilier, l’insulter et la traiter de tous les noms d’oiseaux avant de lui dire qu’il n’allait jamais lui accorder le divorce et que si jamais elle osait se remettre avec un autre homme dans le futur, qu’il allait la frapper.

NB: La photo en couverture n’est pas une image de Maimou.

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Journaliste et Spécialiste en Communication, Digitale Entrepreneure. Fondatrice d’ Ir Didjo & d’O’Fem Magazine et Directrice de publication. Passionnée par le web et l’audiovisuel. S’intéresse aux questions de jeunesse et d’entrepreneuriat. Féministe Radicale. Aime la musique, la lecture, la cuisine et les voyages. Suivez-moi sur mes réseaux pour en savoir davantage sur moi.

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