Déconstruire

Quand exister devient un acte de résistance

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Parce qu’on attend encore des femmes qu’elles se cachent pour mériter le respect. Il faudrait se dissimuler, s’effacer, se faire petite pour ne pas troubler, ne pas déranger, ne pas provoquer.

Mais pourquoi le simple fait d’être une femme visible dans l’espace public ou numérique dérange-t-il autant ?

Une existence constamment jugée

Dès qu’une femme sort des normes de la discrétion imposée, on l’accuse. On lui reproche d’attirer l’attention, d’être trop présente, trop expressive, trop tout. On ne voit plus une personne, mais un corps à surveiller, une apparence à juger, un comportement à condamner. Comme si la visibilité d’une femme était, en soi, une faute.

Mais ce n’est pas la femme qui dérange : c’est le regard qu’on porte sur elle. Et au lieu d’éduquer ce regard, on préfère faire taire, couvrir, exclure.

Une injonction à disparaître

On nous accuse d’être là pour provoquer les regards masculins, pour être regardées, admirées, choisies. Comme si notre existence entière devait se justifier par leur désir. Comme si nous ne pouvions et ne devions exister qu’à travers leur regard.

Ces hommes ont façonné les codes, écrit les règles, défini ce que « doit » être une femme. Ils ont décidé que nous étions des choses, des possessions, des trophées. Et que notre seule raison d’être était de leur plaire.

Dans ce système-là, si nous ne nous conformons pas à ce rôle, alors il faut nous faire taire. Nous faire disparaître. Nous imposer le voile, le silence, les murs. Et si nous refusons ? Alors vient le harcèlement. La pression. Et trop souvent, la violence.

Ce n’est pas cela la « pudeur » telle qu’ils le prétendent, ils n’en demandent autant aux hommes. C’est le contrôle. Ce n’est pas la paix qu’ils veulent. C’est notre soumission.

Notre liberté n’est pas négociable

On ne demande pas aux hommes de détourner les yeux, de se responsabiliser, ou simplement de respecter. Non. On demande à la femme de ne pas exister. D’être moins. Moins visible, moins présente, moins elle-même. Pour ne pas heurter les sensibilités masculines ou bousculer les normes sexistes.

Mais faut-il aussi cacher les fleurs parce qu’elles sont belles ?Voiler le ciel parce qu’il brille ?Faire taire les étoiles pour préserver les ténèbres ?

À toutes celles à qui on dit de se cacher, vous avez le droit d’occuper l’espace sans culpabiliser. Sans vous excuser. Ce n’est pas à nous de disparaître pour préserver des regards envahissants. Ce n’est pas à nous de changer pour mériter la paix.

Ce sont les normes sexistes qu’il faut déraciner.

Nous restons. Et nous brillons.

Je ne suis pas un objet qu’on enferme, ni une apparence à dompter. Je suis un être humain. Je suis une femme libre. Et je continuerai d’exister. De m’exprimer. D’apparaître. De vivre pleinement. Je ne fais rien de mal. Ceux qui devraient se cacher, ce sont ceux qui nous violentent, nous harcèlent, nous étouffent…

Journaliste et Communicante, fondatrice d’O’Fem Magazine, un média féministe engagé dédié à l’information et à la parole des femmes. Je dirige la publication d’O’Fem avec une conviction forte : l’information peut (et doit) être un outil de libération. Passionnée par le web, l’audiovisuel et les formats innovants, je m’intéresse particulièrement aux questions de jeunesse, d’entrepreneuriat féminin et d’égalité des genres. Féministe radicale, je déconstruis les normes patriarcales à travers mes écrits et mes prises de parole. Curieuse et sensible au monde, j’aime la musique, la lecture, la cuisine du monde et les voyages qui ouvrent l’esprit. Suivez-moi sur les réseaux sociaux pour découvrir mon univers, mes combats, et mes réflexions au fil des jours.

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