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Interview avec Mme Tidjani Habibata, Présidente FENIHAND

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Elle est la seule femme présidente d’une fédération sportive au Niger. Mme Tidjani Habibata a fait une belle carrière dans le Handball avant de se retrouver à la tête de la FENIHAND. Aujourd’hui en tant que leader dans le domaine sportif, elle soutient, encourage et sensibilise pour que les filles passionnées par le sport puissent pratiquer mais au delà faire carrière dans le sport.

  • Présentez-vous à nos lecteurs

Je m’appelle Mme Tidjani Habibata Moussa Hassan, j’ai 41 ans, je suis mariée et mère de 4 enfants.
Je suis chef d’entreprise depuis une quinzaine d’années et présidente de la fédération nigérienne de handball.

  • Parlez-nous de votre parcours de sportive et d’où est née la passion ?

J’ai découvert le handball à l’école à travers les compétitions inter scolaires et je suis tout de suite tombée amoureuse de cette discipline. Ensuite j’avais eu la chance d’intégrer une équipe de jeunes qui venait de commencer à l’époque ASCAC où je m’étais réellement formée. Ensuite s’en est suivie  une belle carrière car j’ai été plusieurs fois championne du Niger avec mon équipe et aussi eu la chance de défendre les couleurs de mon pays avec plusieurs déplacements dans la sous-région. Et ce qu’il faut noter c’est que j’ai eu la chance de continuer à pratiquer le sport après mon mariage et même après la naissance de mon 4 ème enfant, ce qui est une grande fierté pour nous. J’espère que nos enfants pourront faire pareil, ainsi que les prochaines générations. J’ai aussi gagné plusieurs coupes avec l’équipe AS contrôle, une équipe dont je suis particulièrement fière car elle était composée en grande majorité par des femmes mariées et mères.

  • Aujourd’ hui vous êtes la présidente de la FENIHAND, comment  êtes-vous arrivée à briguer le mandat ?  Sachant que le sport reste un monde d’homme au Niger.

Je suis arrivée à la tête de la fédération tout naturellement. On était en fin de carrière  et le handball était dans la léthargie. D’abord on avait décidé de prendre la ligue de Niamey où on a laissé une belle trace, ensuite on s’était dit pourquoi ne pas faire la même chose sur tout le territoire nigérien.
En ce moment il y’avait une autre femme à la tête de cette fédération Mme Oumou Traoré, j’étais la vice-présidente. Le mandat qui a suivi j’ai pris la tête de la fédération.
Je ne dirai pas que c’est un monde d’homme, je dirai plutôt que c’est une question de passion, de chance, de savoir ce qu’on veut, où on va et c’est ça qui m’a amené là où je suis aujourd’hui.
Il faut se dire que ce n’est pas une question de genre la difficulté, elle est générale pour les hommes et pour les femmes. Le problème majeur que nous rencontrons c’est un problème de financement.

  • Comment se passe votre mandat avec les collègues hommes ?

Mon mandat avec les collègues hommes se passent très bien. La majorité m’ont pris sous leurs ailes en tant que petite sœur, d’autres en tant que grandes sœurs, en tant leaders et c’est ainsi que nous avons pu former une équipe formidable. D’ailleurs j’en profite pour leur dire merci pour le soutien, l’accompagnement et j’ai compris une chose c’est en étant une équipe qu’on va plus loin.

  • Quels sont les défis dans le milieu sportif Nigérien ?

Les défis sont simples, c’est surtout de faire progresser le sport en général et le handball en particulier en amenant les gens à plus fréquenter le sport. C’est un vecteur de lutte contre l’oisiveté, le chômage et contre beaucoup de maux qui gangrènent la jeunesse de notre pays.
Je pense que nous sommes sur le bon chemin, mais il y’a beaucoup à faire. Je le redis le problème de financement reste le plus grand défis.

  • En tant que leader dans le milieu que faites-vous pour engager ou accompagner les filles qui ont la passion du sport ?

Au niveau de la fédération nous avons une commission qui s’occupe uniquement de la formation des filles à la base. Nous essayons d’apporter notre pierre à l’édifice, mais je peux vous dire que nous rencontrons de plus en plus de difficultés à la formation des filles car nous avons des parents qui ne veulent plus. 
Nous essayons tant bien que mal de changer les mentalités, d’essayer de faire progresser les choses. Par exemple en 2019 nous avons organisé deux compétitions féminines majeures, le Challenge Trophy de la zone 3 qui a regroupé 7 pays en junior et en cadet et aussi la Canne d’Afrique qui a regroupé une dizaine de pays en junior et en cadet. C’est pour dire que nous mettons en avant la jeunesse et aussi une façon de faire comprendre aux parents que le sport est un moyen pour les enfants de voyager, d’avoir une carrière. Tout est possible. Nous encourageons les parents à laisser les filles aller vers le sport, et nous essayons d’éduquer les enfants en leur faisant comprendre que le sport doit être un vecteur d’émancipation, pas un moyen de délaisser l’école.

Présentation de voeux 2019 à la Présidence Niger avec capitaines des équipes
  • En comparaison avec l’époque où vous pratiquiez le sport quelles sont les évolutions que vous constatez aujourd’hui? si évolution il y’a.

Oui il y’a beaucoup d’évolution dans beaucoup de domaines, ne serait-ce en qu’en terme de formations, d’entrainements, d’outillages. En plus les jeunes ont beaucoup d’avantage avec internet, ils peuvent faire des recherches sur leurs disciplines. Le seul problème ce que les filles quand elles se marient arrêtent de pratiquer, les hommes n’acceptent plus.

  • Le sport est-il une discipline d’avenir pour les femmes au Niger ?

Oui je peux dire que le sport est une discipline d’avenir pour les femmes. La preuve nous avons deux filles qui sont qualifiées aux jeux olympiques. Ce qui est une grande première pour notre pays. Cela veut dire que le sport peut nourrir son homme. Les filles ont même plus de chance de faire carrière dans le milieu sportif, plus que les hommes.

Equipe Junior au challenge Trophy 2019

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Journaliste et Spécialiste en Communication, Digitale Entrepreneure. Fondatrice d’ Ir Didjo & d’O’Fem Magazine et Directrice de publication. Passionnée par le web et l’audiovisuel. S’intéresse aux questions de jeunesse et d’entrepreneuriat. Féministe Radicale. Aime la musique, la lecture, la cuisine et les voyages. Suivez-moi sur mes réseaux pour en savoir davantage sur moi.

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