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L’infection vaginale chez la petite fille

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Cette semaine nous parlons de l’infection vaginale, à ne pas confondre avec l’infection urinaire précise le Dr SABO Zeinabou A. MAIGA, pédiatre à Niamey /Niger.
« Je reçois en moyenne 2 cas de démangeaisons génitales en consultation chez les petites filles de 2 à 7 ans, par mois » constate-t-elle.

Quelques rappels sur la structure et le fonctionnement des organes génitaux externe chez la femme :

La vulve : qui représente les organes génitaux situés à l’extérieur du vagin, et qui se compose:

  • du mont du pubis ou mont de venus qui après la puberté est recouvert de poils;
  • des grandes lèvres qui sont deux replis de peau adipeuses portant également des poils après la puberté et qui s’étendent vers l’arrière à partir du mont du pubis.
  • des petites lèvres qui sont deux replis de peau mince, délicate et dépourvue de poils entourées par les grandes lèvres;
  • du vestibule qui est la fossette délimitée par les petites lèvres qui contient le méat urinaire à l’avant et l’orifice vaginal vers l’arrière;
  • du clitoris qui est situé juste devant le vestibule, c’est une structure saillante.

Le vagin : qui est un tube à paroi mince qui relie l’utérus à l’extérieur du corps au niveau de la vulve. Il permet la pénétration du pénis lors de la relation sexuelle et l’accès des spermatozoïdes à l’utérus par son extrémité supérieure.

Les sécrétions vaginales : chez  la femme adulte elles sont acides, mais celles de l’enfant (adolescente) ont tendance à être alcalines, ce qui prédispose celles-ci aux infections surtout transmissibles.

Chez la petite fille on note une immaturité (manque de poils, lèvres encore petites) de la vulve et la muqueuse vaginale ce qui les rendent vulnérable.

Les motifs de consultation fréquentes

L’examen clinique permet de décrire l’état de la patiente.
La petite fille se gratte souvent la vulve, parce qu’elle ressent des démangeaisons et des picotements.

Une sensation de brûlures au niveau de la vulve, majorées lors des mictions (douleur en urinant).
Les sécrétions vaginale qui tachent le linge, qui est trouble blanche, grise, verdâtre, ou jaunâtre et malodorante ou qui sent le poisson.
Les consultations pour ces signes ont parfois été nombreuses et les traitements ont été multiples, locaux ou généraux.

Vulvite ou vulvo-vaginite ? (Leurs symptômes respectifs)

L’examen clinique, mené tel qu’il a été décrit précédemment, est essentiel et permet de différencier les vulvites et les vulvovaginites. Il suffit souvent d’un diagnostic.

Lors des vulvites, la vulve est érythémateuse (rouge) et des dépôts blancs de smegma sont retrouvés dans les sillons inter-labiaux (replis des lèvres). L’irritation atteint parfois la marge anale dont on déplisse la muqueuse à la recherche d’oxyures (parasites intestinale).
Par l’orifice hyménal, dont on s’assure de l’intégrité en suivant tout son pourtour, on confirme l’absence de leucorrhées (sécrétion vaginale).

Au terme de cet examen le diagnostic est fait : il s’agit d’une vulvite simple. Les prélèvements vulvaires sont inutiles car les germes retrouvés sont variés, reflétant la flore périnéale le plus souvent due à la contamination anale.

La vaginite se caractérise par l’issue de pertes par l’orifice vaginal, notamment lors des efforts de toux. Ces leucorrhées (sécrétion vaginale) sont abondantes, de couleur parfois verdâtre et malodorantes. Le touché rectale (TR), dans ces conditions, est souhaitable. Il peut repérer un corps étranger intra vaginal et permet l’issue de pertes sur lesquelles les prélèvements sont possibles.

La vulvo-vaginite est lorsque la patiente est atteinte d’une vulvite et d’une vaginite.

Les causes de la vulvo-vaginite

Les causes sont variées, Dr Zeinabou nous aide à citer les plus fréquentes :

En 1er, la cause anatomo-physiologique : qui prédispose les prépubères. On n’a pas de pouvoir sur cette catégorie, car les causes sont naturelles et normales.

  • À cet âge, les lèvres sont peu développées et peu lubrifiées, et sans poils, alors elles ne remplissent pas encore pleinement leur fonction qui est de protéger la région vulvaire. La muqueuse vulvaire et vaginale, non oestrogénisée (pas concentré en hormones) est mince, de pH neutre, sans glycogène (cellules secrétantes), ni bacille de Döderlein (bactérie qui participe à l’équilibre de la flore vaginale), donc dépourvue de moyens de défense.
  • La proximité de l’anus permet une contamination facile.
  • Les enfants les plus vulnérables sont celles qui présentent un hymen à large orifice ne jouant pas le rôle de barrière contre la contamination de voisinage et permettant le reflux des urines dans le vagin.

Ce qui explique la fréquence des vulvovaginites et leurs récidives.

En 2nde, cause Le manque d’hygiène

Par contre pour cette cause, nous avons le plein pouvoir. Il nous appartient en tant que parents d’instaurer des règles d’hygiènes strictes, de veiller à ce qu’elles soient comprises et appliquées rigoureusement par l’enfant et par le personnel de maison qui s’en occupe.

Le manque d’hygiène ou de mauvaises règles d’hygiènes sont le plus souvent à l’origine des vulvites et des vaginites. Ceci concerne le plus souvent des fillettes de 3 à 6 ans, récemment scolarisées ou trop tôt autonomisées pour leur toilette.
D’où l’importance de leur apprendre à s’essuyer correctement.
Le port prolongé des couches expose la vulve à des irritations et est un signe flagrant de négligence.
Les résultats des prélèvements effectués en cas de vaginite retrouvent parfois des germes de contamination périnéale (germes provenant de l’anus) ;

En 3eme cause,  un Corps étranger intravaginal

Bien que souvent redouté, il est à l’origine de moins de 5% des vulvovaginites. Les signes cliniques très évocateurs sont l’existence de pertes vaginales abondantes, souvent depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, très malodorantes, purulentes et parfois striées de sang. Les traitements antibiotiques par voie orale obtiennent leur sédation, mais la reprise des symptômes est très rapide à la fin de l’antibiothérapie.

A l’examen de la vulve, le corps étranger peut être aperçu par l’orifice hyménal s’il est bas situé. Au touché rectal, sa présence, s’il s’agit d’un objet dur, est confirmée aisément.
Les corps étrangers retrouvés sont de nature variée : débris de papier le plus souvent bas situés, perles, petits jouets… Selon leur situation, leur taille et leur forme, leur exérèse (retrait chirurgical) sera faite simplement en consultation ou nécessitera une anesthésie générale parfois.

4 ème cause : l’abus sexuel

S’il existe des sévices sexuels avérés ou soupçonnés, les agents pathogènes dont la transmission peut être sexuelle doivent être recherchés, leur présence permettant d’avancer dans la preuve d’un abus sexuel.

Quels traitements pour les démangeaisons vulvaires de votre petite princesse ?

Vulvovaginites non spécifiques (vulvite simple)

Les vulvites isolées sont guéries par de simples précautions d’hygiène : toilette quotidienne ou biquotidienne bien faite, port de linge en coton, séchage après chaque miction (pipi). S’il existe une surinfection on propose un traitement local pendant quelques jours. Des récidives vont survenir jusqu’à l’âge de 8 ans environ. Elles disparaissent définitivement avec le début des transformations morphologiques de la vulve qui accompagnent la puberté.

Le traitement des vaginites nécessite une antibiothérapie par voie générale.
Vulvovaginites spécifiques seront traitées avec une prise en charge adaptée.

NB : L’attitude diagnostique et thérapeutique diffère selon que l’adolescente a ou non débuté sa vie sexuelle.

Les précautions à prendre pour éviter les démangeaisons de la vulve.

La meilleure et la plus importante est la vigilance et l’attention de la maman (du parent). Car l’enfant n’en parlera peut-être pas, et plus tôt vous vous en rendrez compte mieux ce sera.

  • éduquer au maximum autour de vous pour une bonne hygiène, montrez-lui comment se nettoyer seule avec un peu de savon liquide adapté, ensuite à bien se rincer, avant de se sécher,
  • changez fréquemment les couches des enfants car en plus de démangeaisons vulvaires cela peut entrainer des infections urinaires,
  • éviter les bains moussants et les savons parfumés pour les toilettes,
  • attention à la période chaude qui arrive, il suffit parfois de trois fois rien, à cette période une balade à vélo, le contact du sable, garder trop longtemps le maillot de bain mouillé;
  • mettez des habits amples aux enfants;
  • port de sous-vêtement ample et en coton est conseillé.

Plus elle grandira, moins elle sera sujette à cette infection.

Mais en attendant, il faut consciencieusement limiter au maximum les facteurs de risque.
L’urine étant agressive pour les muqueuses, encouragez-la à aller aux toilettes régulièrement. Apprenez-lui à prendre le temps de faire pipi : soit bien descendre totalement son sous-vêtement et en écartant bien les jambes, pour éviter que l’urine ne s’écoule et ne stagne vers la région vulvaire, dans les cas ou elle n’a pas accès à de l’eau pour se rincer.
Ne vous lasser pas de lui répéter de s’essuyer de l’avant vers l’arrière, sans laisser de petit morceau de papier.
Chez les bébés, redoublez de vigilance quand elle a la diarrhée : les selles sont alors particulièrement acides. Au quotidien, faites-lui porter des culottes en coton, lavées avec des produits adaptés ,hypoallergéniques. Les pantalons trop serrés sont à éviter.
Enfin, montrez à votre fille comment se nettoyer seule avec un peu de savon liquide adapté, ensuite à bien se rincer, avant de se sécher.

Références :
Anatomie et physiologie humaine SHERWOOD 2éme édition ; traduction de la 3ème édition américaine par ALAIN Lockhart ; révision scientifique de Stéphane MOLOTCHNIKOFF : EMC Gynécologie pédiatrique

Je suis passionnée de bien-être. Le bien-être sous tous ses angles, le bien-être de la famille: de la maman aux enfants ( en passant par le papa). Le bien-être interne et externe qui sont indissociables pour un équilibre heureux de la famille. J'écrirai dans la rubrique Santé.

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