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Femmes nigériennes: électrices mais sous élues, comment changer la tendance ?

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Trente (30) candidats se disputent le fauteuil présidentiel pour les élections du 27 décembre prochain. Parmi eux, aucune femme. En effet, Contrairement à 2011 où Mme Bayard Mariama Gamatché a brisé le mythe et s’est présentée pour les présidentielles, cette année ni elle, ni une autre n’a voulu tenter l’aventure.

Cependant, pour les locales et les législatives, elles sont nombreuses à candidater. Dans presque tous les partis politiques, les 25% du quota ont été respectés dans la composition des listes, à défaut de les voir rejeter par la cour constitutionnelle. Mais être candidat n’est pas synonyme d’être élu. Au-delà du respect de cette fameuse loi du quota sur le genre dans la composition des listes, comment faire pour que ces femmes soient effectivement élues ?

Dans le contexte sociopolitique du Niger, le rôle de la femme en politique se résume le plus souvent à la mobilisation des militants et à être du bétail électoral. Sa capacité à assumer un poste de décision est mise en doute. L’électorat y voit son manque d’expérience, un cliché qui la défavorise très souvent quand il s’agit de la gestion de la chose publique. Pourtant, les femmes constituent la plus grande partie de l’électorat, 54,97%.

Pour permettre leur participation effective au processus électoral, les femmes doivent relever un certain nombre de défis.

Avoir de l’audace et de la compétence

Plusieurs témoignages font cas du manque de courage de la femme à pouvoir s’affirmer sur le terrain politique et se battre au même titre que les hommes (qui trouvent d’ailleurs leur compte dans cette passivité). Pour avoir tenté l’expérience, La présidente du rassemblement des citoyens indépendant RACIN, Madame Bayard Mariama estime à ce niveau qu’il faut bien s’armer pour affronter la classe politique actuelle.  » La classe politique, la classe dirigeante manque de culture démocratique qui fait que même quand une femme est valable on ne veut pas le lui reconnaître » explique Madame Bayard.

Très souvent, les compétences des femmes sont aussi mise en cause. Hadiza Seyni, députée au titre du Modem FA LUMANA pense que les femmes doivent s’imposer avec ardeur pour arracher leur place au sein des partis politiques.  » Je suis au niveau de Lumana la seule femme qui a eu à faire des primaires. Mais les hommes ne voulaient pas de ma candidature, il a fallu que je dise que je vais écrire à la cour constitutionnelle pour dénoncer, c’est à ce moment seulement qu’ils m’ont laissé me présenter ; parce qu’ils savent que je peux le faire. » Et continue en précisant que les femmes doivent comprendre que les hommes politiques ne veulent pas des femmes qui sont sur le terrain, qui se battent en politique. L’engagement des femmes doit donc être effectif.

Maîtriser les textes et institutions électorales

La réalité du terrain politique impose aux femmes une certaine maîtrise des textes nationaux et internationaux sur la question. Les femmes doivent se cultiver en s’adonnant à des recherches documentaires afin de mieux s’affirmer sur le terrain politique.

Avoir des moyens financiers.

Plusieurs études ont montré que les femmes sont les plus pauvres au Niger. C’est ainsi qu’en politique, elles sont généralement pénalisées par cet aspect car ne disposant pas suffisamment de ressources pour battre campagne. Une réalité que Tahirou Gimba, président du parti MODDEL Ma ‘aikata a relevé. Mais selon lui, la responsabilité leur incombe en tant que leader de parti politique :  » une femme qu’on investit comme candidate aux élections législatives ou locales, il faut lui donner les moyens de se battre. Il ne suffit pas d’inscrire 25%, mais il faut que les leaders des partis politiques soient réellement engagés pour soutenir ces femmes ». Nous a-t-il confié.

La solidarité féminine

Au Niger, la sous-représentation politique des femmes, n’est pas imputable seulement à l’attitude des hommes, ni aux pesanteurs socio-culturelles, ni même aux insuffisances des textes en vigueur. Concernant ce dernier point, le Niger a ratifié plusieurs conventions pour favoriser la participation politique des femmes.  La timide participation des femmes au jeu politique est plutôt due à leur manque de constance dans leur lutte. A cela s’ajoute le manque de soutien ; bien qu’étant la plus grande partie de l’électorat, les voies féminines ne sont pas en faveur des femmes candidates.
Pour rappel, Madame Bayard Mariama Gamatché a enregistré moins de 1% des voies en 2011. Un problème que Hadiza Seyni a relevé avec désolation.  » Tant que les femmes nigériennes ne font pas balle à terre, mettre les différences politiques pour venir faire le combat, ça ne va jamais marcher. » explique-t-elle.

Pour être véritablement élues et renverser la tendance, les femmes doivent être ensemble, s’engager, porter elles même la lutte et mettre ensemble des mesures correctives.

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Journaliste, communicante. Spécialiste des questions de femmes et société.

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