CHRONIQUES

Destinée: Partie 2

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Ils étaient tous silencieux, ce silence était pour moi comme un cri à la trahison. Je me sentais trahie par les miens !

– Vas appeler l’imam et tu préviens tes oncles s’il te plaît Hamani.

Ma mère prononçait ces mots mais son cœur et son esprit étaient absents.

Il est sorti en ayant la lèvre inférieure qui tremblait. Je ne savais plus quoi faire, j’observais juste les uns et les autres. Le récipient avec l’eau était encore dans ma main et je tremblais de plus belle. Anna arrangeait le drap afin que mon père ou dirai-je le corps de mon père soit totalement recouvert. J’ai jeté le bol pour hâter le pas vers le lit afin d’enlever la couverture et avec beaucoup de mal, j’ai réussi à le toucher . Son corps était devenu si frais et son teint plus éclatant. Je le regardais sans broncher un seul mot. Ce sont les hurlements de ma marâtre qui m’ont fait revenir sur terre. Pourquoi elle aime se faire remarquer à chaque fois ? Pendant toute la période de la maladie de Baba, elle ne venait le voir qu’une seule fois de la journée. Je suis celle qui reste pour tenir compagnie à ma mère qui s’occupait de notre père parce qu’il ne dormait presque jamais. Mais aujourd’hui pour se faire passer pour la plus choquée et la plus attristée de l’histoire, l’épouse modèle, elle se met à hurler. Je suis sûre que Hamani est celui qui lui a dit ce qui s’est passé car elle n’était pas venue d’elle-même. La maison a commencé à se bonder de monde, ensuite les hommes nous ont demandé de sortir ma mère et moi de la case. Ils ont apprêté le corps de Baba puis nous ont demandé encore de revenir afin de lui dire au revoir une dernière fois, un au revoir qui est en fait un adieu.

Mon nom comme mentionné ci-haut est Fatima Modibo. Je suis Peulh et la seule fille de la famille. J’ai un frère Hamani, issu du premier mariage de mon père. Baba est tombé malade subitement et depuis lors son état de santé ne faisait que se dégrader. J’ai 19ans et je viens d’obtenir mon baccalauréat, dans un village proche du nôtre. Je suis à la maison pour les vacances et à la rentrée prochaine, je dois aller à la capitale pour m’inscrire à l’université, dans une faculté.

Comme je le disais, nous étions dans la cour avec les autres femmes du village quand l’imam nous demanda de venir dire au revoir à notre père qui fut préparé dans la case même de ma mère. Les autres sont rentrés et j’étais la dernière à venir. Il semblait dormir paisiblement, ils l’ont préparé et parfumé, le corps couvert du linceul. Nous avons invoqué beaucoup avant que les hommes ne partent avec la dépouille pour l’enterrer. Ma mère était inconsolable et pleurait de plus en plus. Moi je n’arrivai toujours pas à l’accepter.

Niamey, capitale du Niger, cette ville pleine de vie, à la fois calme et houleuse qui font son expansion ; Ses nuits bien colorées au rythme de son développement donne envie de la découvrir ou simplement ne jamais la quitter. Cette ville charmante, très accueillante et avec une sympathie hors norme a accueilli des années en arrière une famille sénégalaise avec comme chef, Omar Fall, un des premiers couturiers avec un renom international et Adja sa femme. Même décédé, Omar Fall à travers ses deux enfants continue de faire parler de lui.

Il était environs 16h, ce jour, un vendredi du mois d’Août. Les nuages scintillaient à la lumière du soleil, d’une blancheur éclatante dans un ciel bleu clair. La verdure des environs rendait la nature aussi parfaite qu’une jeune fille à la fleur de l’âge.

Presque tous les employés étaient rentrés chez eux sauf le patron de la plus grande et prestigieuse agence immobilière de la ville, Cheikh Omar Fall et les quelques employés qui avaient du travail à finir.

Cheikh s’apprêtait à sortir parce qu’il avait une course très importante à faire mais les dossiers en instances débordaient sur son bureau spacieux et imposant. Il était assis derrière avec sa chemise blanche, la cravate un peu desserré. C’est le modèle d’entrepreneur par excellence, il travaille en équipe avec ses employés malgré son poste. Cela fit la popularité de Cheikh et tout le monde l’admire.

La pièce est minutieusement décorée et un peu partout, il y avait les photos de son enfant de 9ans, Raoul !

Cheikh Omar

J’étais en train de signer les derniers papiers avant le voyage qui nous attend demain matin avec ma femme et mon fils pour le week-end car Aujourd’hui, nous fêtons nos dix ans de mariage et pour l’occasion, Samira a encore mit la barre très haute. Ce soir, elle organise un dîner avec quelques amis et la famille, du moins c’est ce qu’elle m’a dit. Avec Samira, un dîner est synonyme de grand festin. L’élite entière de la ville y sera j’en suis sûr ! Je me demande même d’où est-ce qu’elle connaît toutes ces personnes. J’avais fini avec les papiers et je les relisais pour plus de sécurité quand je me suis rappelé de ma conversation de ce matin avec ma mère. Ça m’a bouleversé et mît dans un état second, toute la journée je n’ai pas pu me concentrer sur mes dossiers. Je me demande toujours pourquoi ma mère et ma femme ne s’entendent pas alors qu’avant elles étaient presque les meilleures amies du monde.

Flashback

(conversation avec ma mère)

J’allais sortir après avoir passé plus d’une demi-heure avec elle et soudain, elle me mît dans ce qui semblait être une confidence.

– Cheikh ?

– Oui maman ?

– Comme ça avec ta femme, vous organisez une fête à la quelle ma famille et moi ne sommes pas invitées ?

J’ai aussitôt fait demi-tour pour mieux comprendre, non seulement j’étais surpris mais choqué en même temps.

– Qu’est-ce que tu racontes maman ? Nous sommes aussi ta famille non ?

– Ton frère m’a dit qu’il n’a pas reçu de carton d’invitation moins moi qui suis ta mère. Si je ne l’avais pas appris de ton frère, je ne serai donc jamais au courant ? J’étais pourtant là durant ces dix ans de mariage et avec toi depuis ta naissance.

– Voyons maman ! Tu sais très bien que quand Samira organise une fête, elle a la tête pleine. Aussi tu sais que vous n’avez pas besoin d’une invitation pour venir chez moi, c’est aussi votre maison !

– C’est ça ! Tu ne manques jamais de mots pour défendre ta femme, vas-y, vas travailler maintenant dit-elle sourire aux lèvres.

– Tu ne me donnes pas ta bénédiction aujourd’hui ?

– Je te l’ai donné avant ta naissance et te la donne chaque matin. Avec ton frère, vous êtes ma plus belle réussite. Ton père aurait été tellement fière de vous.

– Qu’il repose en paix ! Mais tu sais très bien que j’aime t’entendre me bénir à chaque fois.

– Hum ! On dirait c’est toi le cadet. Que Dieu te bénisse, qu’il vous bénisse vous et toute ma descendance.

– Amine maman. Bonne journée à toi.

– Merci !

Fin du flashback

Ma mère ne fait pas assez souvent de réflexion et si elle le fait ce que ça l’a blessé. Elle me dit le contraire mais c’est ma mère, cela fait 30 années que je la connais et côtoie. J’ai tenté de joindre Samira depuis ma sortie de chez maman en vain !

J’avais la tête dans ces pensées quand mon assistante fit irruption dans mon bureau sans s’annoncer, ce n’est pas dans ses habitudes.

– Monsieur ?

– Oui ?!

– Votre femme est ici.

– Samira ?

– Parce que tu as une autre femme dont je n’étais pas au courant de son existence ? Fit la voix de la femme avec laquelle je partage ma vie depuis 10ans maintenant !

Elle est habillée juste d’une robe de couleur bleue qui lui arrive au genoux. Elle ne portait pas de voile, la chevelure virevoltante. Cela me sidéra encore plus que le fait qu’elle se comporte comme une sauvageonne.

Mon nom est Cheikh Omar, j’ai 30ans et je suis le fils aîné d’une famille de deux enfants. Mon père, l’un des célèbres couturiers Sénégalais qui ont posé les pieds après les indépendances au Niger, Omar Fall est décédé quelques mois après mon mariage. Aujourd’hui, je suis président directeur général d’une agence immobilière que j’ai mis en place alors que je n’avais que 18ans cela grâce à Dieu et aux conseils de mon père. Je n’ai pas pu faire des longues études mais je comprends au moins quatre langues. Mon frère, Karim a repris l’entreprise de papa et est aujourd’hui l’un des meilleurs dans son domaines. Il est l’époux de deux merveilleuses femmes, Maria et Sarah qui lui ont donné respectivement 3 et 2 enfants. Sur ce côté, je l’envie tellement. Maman me gronde toujours mais ce n’est pas de ma faute si Samira refuse de me faire d’autres enfants. Elle dit se reposer et je ne veux pas trop la brusquer.

– Vas y entre !

– Ton assistante est très sauvage, tu imagines ? Elle me dit à moi d’attendre jusqu’à ce qu’elle m’annonce. Tu trouves cela normal toi ?

– Oui parfaitement bien et même plus que normal. Ce sont les consignes, elle les respecte à la lettre. Tu n’es pas une employée d’ici, tu es ma femme et même si tu étais membre de l’équipe tu devais patienter jusqu’à ce que je donne mon approbation.

– D’accord, je vois. C’est à cause de cette pimbêche que tu me fais ce long discours ?

– Mademoiselle ? Vous pouvez disposer dit Cheikh sentant le gêne de son assistante qui a suivi toute la discussion.

– D’accord monsieur, encore désolée.

Samira s’est mise à la regarder comme si elle allait tuer la fille d’autrui alors que cette fille n’a fait que respecter les consignes.

– Il y’a un badge pour moi où il sera mentionné la femme du Président directeur général ? Dit-elle avec un air arrogant.

– Tu es folle ?

– Non ! Cependant je veux que tu licencies ton assistante.

– Quoi c’est une blague j’espère ?

– Ai-je l’air de blaguer ? Elle avait les deux boutons de haut de sa chemise ouverts, elle porte des faux cheveux pour me ressembler, tu ne vois pas son maquillage ? A-t-elle besoin de tout cela pour son petit travail de secrétaire ? Et pour couronner le tout elle ne respecte pas ma personne c’est à dire ta femme ! C’est assez pour la renvoyer ou je dois continuer ?

– Tu avances des idées aussi tordues que toi.

Samira a jeté son sac sur le canapé et a pris la route pour le secrétariat en se dandinant. Je n’avais pas le choix que de la suivre. Je ne savais pas quoi lui dire tellement j’étais choqué par son attitude, elle a ouvert la porte et cria de toutes ses forces.

– Mademoiselle ? Vous êtes licenciée, pour faire court, je vous renvoie pour indiscipline.

– Samira ? Tu viens à mon lieu de travail et tu tapes un scandale ? Ça ne te va pas la tête ?

– Tu ne vois pas ce que fais cette fille ? Tu ne vois pas comment elle m’a manqué de respect ? Je compte pour du beurre c’est ça ?

– Mais monsieur…

– Tu ne parles pas à mon mari, je ne veux pas qu’elle te parle ou je te jure que je vais la tuer hurla « la femme du patron » dans tout le couloir.

Samira Mamane

Je ne faisais que crier et les autres qui me connaissent, n’osaient pas lever la tête pour me regarder. Je ne suis pas jalouse non ! J’assure juste mes arrières, Cette fille me ressemble de trop. Ce n’est pas que je ne fais pas confiance à mon mari mais les hommes réfléchissent plus avec leur sexe qu’avec leur cerveau, je préfère la chasser et d’ailleurs pourquoi même je ne lui proposerai pas…non pas proposer mais ordonner de prendre un homme comme assistant.

A suivre…

Écrivain/nouvelliste/chroniqueur, Koko sobriquet d’écrivain et signature de la KokoStory. Je suis touche à tout, volontaire, défenseur de droit de l’Homme. Voyage, cuisine, lecture, écriture, la danse, font parti de mon quotidien, en général, la vie me passionne quoi !

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