Littérature
Interview avec la nouvelliste Adelle Barry
Etudiante en médecine, Adelle Barry est aussi passionnée d’écriture depuis son jeune âge. L’auteure de « En attendant minuit », un recueil de nouvelles nous parle de son amour pour les lettres dans cet entretien.
Qui est Adelle ?
Adelle: Adelle BARRY, 25 ans, je suis Doctorante en Médecine à L’Université de Niamey, Communicante organisationnelle en Systèmes de Santé et Auteure chez LEN et Bruno Doucey Editions (Paris, France).
Je suis Alumni Young African Leader Initiative (Yali) du Centre Régional de Leadership de Dakar et Lauréate de cinq prix d’écriture dans le genre de la Nouvelle littéraire et de la Poésie à Niamey, à Paris, à Dakar et à Atlanta.
Je suis étudiante et auteure pour faire plus court, rire.
Adèle, vous avez un parcours tout à fait singulier. Des étudiants en médecine et écrivains ça ne court pas les rues. Vous faites les deux. Expliquez-nous!
Adelle: Beaucoup de personnes me demandent comment marier des études de Médecine avec l’écriture, je dirai que j’étudie en Médecine comme tout le monde fait des études pour gagner sa vie. Je porte ma blouse à l’hôpital et la casquette d’auteure en dehors. L’écriture, est une passion, un cadeau du ciel qui existe même lorsqu’il n y a rien d’autre. C’est mon allié de tout le temps, quand il faut s’évader et voyager par les lectures, quand il faut s’exprimer, quand il faut porter les émotions des oppressés pour dénoncer, quand il faut aligner des vers ou de la prose pour le plaisir…pour laisser une trace des émotions vécues ou perçues…
Il y a de fois j’ai l’impression que tout conspire à m’amener à l’écriture, j’y avais d’ailleurs créé une plateforme pour partager les témoignages sur le quotidien des patients vivant avec les maladies chroniques.
Ici lisez quelques écrits de l’Auteure
Vous avez publié votre premier recueil de nouvelles « En attendant Minuit » à 23 ans, c’est quand même une prouesse ! Qu’est ce qui a inspiré cette œuvre ?
Adelle: En Septembre 2013, j’ai été lauréate du Niger en Littérature aux 7me Jeux de la Francophonie à Nice, avec une Nouvelle intitulée « La Quête » après un concours régional, national et un passage devant un jury international. Ça a été ma première vraie nouvelle, j’y ai pris gout à participer aux concours et appels à textes en écrivant d’autres nouvelles. En attendant minuit est sorti à l’occasion de la Journée du Manuscrit Francophone organisée par mon éditeur en collaboration avec UNESCO et Actuallitté à Paris (France). Ce livre est un recueil de toutes ces nouvelles, parle d’excision en conséquences, de viol, des derniers jours d’une orpheline de cinq ans née avec le Sida qui a été primé à Atlanta en Aout 2015, ou encore de la description de ma ville natale à une étrangère, d’humour et d’amour…
Quelles difficultés avez-vous rencontré dans son édition?
Adelle: La difficulté première a été de trouver un éditeur pour une jeune auteure sortie de nulle part, dans un pays où les écrivains se comptent du bout de doigt.
J’ai eu la chance de rencontrer Jean Dominique Penel (Ecrivain) qui m’a beaucoup aidé sur les corrections et l’édition.
La seconde, pour moi était de passer à l’édition et de publier mon écriture. Je me posais des questions sur ma plume, si mes textes étaient prêts à être présenter aux autres…J’avais toujours l’impression qu’il y avait quelque chose d’inachevé, un truc à corriger, à réécrire. Et puis un matin pour répondre à toutes mes questions de jeune auteure, le critique littéraire Boniface Mongo Mboussa m’a offert « Lettres à un jeune poète » de Raina Maria RILKE, un livre qui résumait toute la nécessité de l’écriture, de l’engagement à exprimer ses pensées et qui surtout concordait à toute mon interrogation. Je n’ai plus hésité.
Chaque auteur a quelque chose de particulier qui le pousse à écrire. Et vous qu’est ce qui crée en vous le besoin d’écrire ?
Adelle: Ma sensibilité sur tout ce qui m’entoure, une certaine empathie quelque fois que je ne peux exprimer qu’avec un crayon. Sans doute parce que je n’écris plus que je ne parle. Quelque fois il m’arrive d’écrire dans une quête de soi, de déposer mes émotions dans une poésie qui ne quitte pas mon calepin…
Adelle, vous êtes une femme très engagée, sur la cause féminine en particulier. Le 13 Mai dernier à l’occasion de la Journée de la Femme Nigérienne vos poèmes ont été dédiés en leur honneur, quelles étaient vos motivations ?
Adelle: Je me suis toujours intéressée à la condition féminine dans notre société, et j’ai beaucoup lu sur la question et eu des échanges inspirants avec une professeure en sociologie et des femmes en difficultés.
J’ai élaboré ainsi, un projet qui aspire à donner des Ailes aux femmes Déchues. Un projet, que j’ai eu l’opportunité d’affiner et de planifier sa réalisation avec ma participation au Programme Young African Leader Initiative (YALI) du Centre Régional de Leadership de Dakar pendant mes dernières vacances. L’autonomisation de la Femme par la promotion du model féminin de réussite surtout auprès des jeunes adolescentes est au cœur du dit projet.
A l’occasion de la Journée de la Nigérienne du 13 Mars dernier, nous avons voulu fêter « la femme nigérienne » à travers un spectacle organisé autour de mes poèmes inédits sur la scène de l’auditorium du centre culturel franco-nigérien. Une façon pour nous d’introduire nos aspirations sur ce travail et inviter les autres hommes & femmes, partenaires techniques et structures travaillant pour une meilleure condition de la femme à se joindre à nous afin d’apporter un impact positif pour nos communautés les mois et années à venir.
Vous voyagez pour assister à des évènements littéraires, comment arrivez-vous à concilier vos études en médecine et votre vie d’auteure ?
Adelle: Vous savez, j’aime apprendre. Je crois que j’adore ça même. J’aime apprendre le monde à travers les autres. Et donc il me fait toujours plaisir d’apprendre et de partager des connaissances à travers mes voyages pendant mes quelques moments de vacances. Pour chaque personne rencontrée, pour chaque sol foulé, j’apprends une culture, une autre histoire de vie dans un monde de diversité.
Mon mentor me disait un jour que j’avais l’inspiration fertile, alors j’ai très souvent de petits écrits au tiroir que j’affine quand je vois de concours et appels à textes pour les salons du livre ou rencontres internationales. Un apprentissage pour la réécriture, pour souvent palier au stress des études.
Adelle citez nous trois femmes qui vous inspirent et dites-nous pourquoi ?
Adelle: Mon recueil de nouvelles était dédicacé à ma Mère, le plus beau chef d’œuvre de Dieu. Sans doute parce qu’elle reste la plus belle inspiration pour moi. C’est une battante au quotidien qui a su m’inculquer quelque chose de fondamentale, ainsi que la clé de la liberté.
Ce qui m’amène à la deuxième femme qui m’inspire et m’impressionne énormément depuis le jour où je suis tombée sur une de ses allocutions qui disait « l’indifférence ne doit jamais être une option dans la vie et que l’éducation est la clé de la liberté ». Michaelle Jean, une femme du sud qui a grandi dans le nord, avec qui j’ai eu la chance de partager une discussion passionnante sur les défis du leadership féminin, une passionnée des femmes qui a longtemps milité pour leurs causes. Toujours confiante, elle a changé la vie de millions de femmes et en reste un modèle.
Enfin, j’étais au collège, je notais dans mon petit cahier secret qu’un jour je serai comme madame Aichatou Mindaoudou. J’avais 11 ans et je me rappelle avoir écrit une rédaction sur elle lorsque ma maitresse d’école nous a demandé de faire un portrait.
Je ne connaissais pas grand-chose de la diplomate, de la Ministre des Affaires Etrangères qu’elle était, mais j’adorais embêter mon père pour qu’il m’explique le monde de la diplomatie, et on a commencé à feuilleter les livres sur les relations bilatérales entre les pays…etc.
Aujourd’hui je suis toujours fascinée par son parcours, son courage et ses réalisations.
Quelle définition donneriez-vous au Leadership féminin?
Adelle: Une femme leader pour moi, est une femme qui s’aime, pas de façon narcissique mais d’un amour bienveillant. C’est en cela qu’elle fait ressortir sa valeur. Il ne s’agit pas que de crier égalité de genre, il s’agit d’égalité de chance dans la vie professionnelle, une complémentarité de genre et un appel au respect mutuel en société. Une femme qui donne de la place à son foyer et s’associe à l’autre pour l’éducation de ses enfants car c’est une tâche qui forge la génération future. Une, qui ne reste pas indifférente aux maux qui minent sa communauté. Elle agit pour, et avec les autres ; une figure qui partage ses connaissances, qui inspire et qui donne des ailes dans les prises des décisions, dans la parole et dans l’action. Il faut vivre sa vie en essayant d’en faire un modèle pour les autres afin de laisser une marque dans le monde pour de bonnes raisons.
Comment voyez-vous l’avenir ? Qu’est-ce qu’il vous inspire ?
Adelle: De la persévérance, des challenges, un itinéraire de vie à affiner selon les aspirations, les inspirations et les contraintes. Je suis jeune et j’ai encore beaucoup à apprendre de la vie et des autres…Un doctorat à empocher, des bouts d’un roman à recoller ou encore un manuscrit à dépoussiérer…
Le futur pour moi est une invitation à l’affirmation de soi en rendant le monde meilleur par notre capacité à créer le bonheur autours de nous. Et ce futur se construit chaque instant. Pour le reste, ce même avenir nous le dira…rires
L’œil divin et le temps nous y porteront.
Quel message pour la Jeunesse Nigérienne ?
Adelle: Toute la jeunesse, osons, entreprenons, cultivons l’excellence, saisissons chaque opportunité, créons-en s’il le faut, profitons de chaque expérience et épanouissons-nous pour développer le pays. N’ayons pas peur de trébucher ou même de tomber car pour citer quelqu’un, c’est lorsqu’on accomplie les choses qui nous effraient le plus que l’on est le plus fier de soi. Je finirai avec une citation d’Ellen J Sirleaf qui dit « Si vos rêves ne vous font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez grands »
Et autre chose, Lisons…
On y apprend toujours quelque chose !
Merci à votre plateforme pour cet honneur, je crois que vous travaillez déjà mon projet, vous donnez des ailes aux femmes en leur donnant la parole !
Bravo pour tout ce que vous faites.
Merci, à tous ceux qui valorisent ma plume en feuilletant mes mots, à mes « intimes » qui m’épaulent.
Archives Irdidjo Magazine 2017
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