
Déconstruire
À qui appartient le corps des femmes dans le couple ?
Dans le huis clos de la vie conjugale, le corps des femmes devient souvent un espace occupé. Trop souvent, les mains de l’homme s’imposent sans invitation. Dans la cuisine, dans le lit, dans le salon trop souvent sans demander. Et quand la femme ose dire “je ne veux pas”, “pas maintenant”, ou “je n’ai pas envie”, le silence de l’autre, son rire, ou son insistance, viennent balayer sa parole. C’est une violence banalisée.
Le couple un lieu supposé sûr
L’amour, l’attachement, la confiance : autant de sentiments censés faire du couple un espace d’équilibre et de respect mutuel. Pourtant, une réalité s’impose souvent dans le quotidien : le non-respect du corps de la femme, camouflé derrière la normalité de la vie à deux.
Des femmes disent “non”, et ne sont pas écoutées. Elles se plaignent que leur compagnon les touche sans cesse, même quand elles ne le souhaitent pas. Elles parlent d’une main “toujours là”, sur leurs seins, entre leurs jambes, alors qu’elles sont en train de faire autre chose, de penser à autre chose, de vivre tout simplement.
Certaines finissent par se taire. D’autres tentent encore de poser des limites. Mais souvent, l’homme en face fait comme s’il ne comprenait pas. Ce refus lui est insupportable. Il agit comme si le corps lui appartenait.
Le consentement est ignoré
Vivre ensemble ne rend pas le consentement acquis. Il n’est pas permanent. Il se redemande, chaque fois. Être en couple ne donne aucun droit illimité sur le corps de l’autre. L’intimité ne signifie pas domination, encore moins possession.
Dans beaucoup de sociétés, le corps des femmes a longtemps été considéré comme un bien marital. Cette idée est beaucoup trop ancrée dans les mentalités, et explique en partie pourquoi certains hommes agissent comme s’ils avaient un droit naturel de toucher, de prendre, d’imposer leur désir et leur envie.
Mais ce comportement, qu’on juge souvent “banal” ou “naturel”, est une forme de violence. Imposer cette main baladeuse, refuser d’écouter le “non”, ignorer les signes de gêne, sourire tout en continuant, ou s’énerver quand une femme dit qu’elle ne veut pas être touchée, ce n’est pas anodin. C’est grave.
Le chantage affectif lorsqu’elle dit « Non »
Quand ces gestes sont refusés, une autre violence prend place : le chantage émotionnel. Il prend la forme de phrases déguisées en plaintes : « Si tu ne veux pas, c’est que tu ne m’aimes plus », « Tu es distante », « Tu me rejettes ». Ce mécanisme place la femme dans une impasse : céder pour “prouver son amour”, ou maintenir ses limites au prix de la culpabilité.
Le fait est que refuser un contact intime n’est pas forcément un manque d’amour. Ce que beaucoup de femmes expriment, ce n’est pas le rejet, mais le besoin de tendresse non sexualisée : être prise dans les bras sans que cela dérive, recevoir un geste d’affection qui ne soit pas une tentative de possession. Le corps féminin n’est pas en permanence disponible au désir masculin. Et cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’amour. Cela veut juste dire qu’il y a un être humain, avec son propre rythme, ses émotions, son droit à la paix.
Une pression sociale qui dépossède les femmes de leur corps
Le plus douloureux, c’est que ces gestes sont souvent minimisés par l’entourage, par les hommes eux-mêmes, et même par certaines femmes. Parce que “c’est son mari”, parce que “c’est normal”, parce qu’“il t’aime, il te désire”, alors il aurait le droit.
Mais désirer quelqu’un ne donne aucun droit sur elle. Et l’amour ne justifie aucune atteinte au respect de l’autre. Au contraire.
Ce que vivent ces femmes n’a pas de nom dans le langage commun. Il est rare qu’on parle d’agression sexuelle dans le couple, à moins qu’il y ait violence physique manifeste. Pourtant, l’intrusion dans l’intimité sans consentement est bien une agression. Même quand elle se fait sans cris et dans le silence de l’intimité du couple.
Le corps des femmes leur appartient
Il est temps de nommer ces gestes. De dire qu’ils ne sont pas normaux, que ce n’est pas de “l’amour”, ni de “la passion”, ni “la routine conjugale”. Que c’est une négation de l’autre, une violence qui ne dit pas son nom. Une façon de dire : “ton corps n’est pas à toi.”
Et il faut aussi rappeler que : les femmes ne sont pas des poupées gonflables mais des êtres humains, que leur corps leur appartient. Qu’ elles ont le droit de dire non, de poser des limites, de ne pas être d’accord et d’être crues et respectées.
Parce que le respect du corps des femmes ne s’arrête pas au seuil du mariage. Le vrai amour commence quand l’un écoute le non de l’autre.
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Journaliste et Communicante, fondatrice d’O’Fem Magazine, un média féministe engagé dédié à l’information et à la parole des femmes. Je dirige la publication d’O’Fem avec une conviction forte : l’information peut (et doit) être un outil de libération. Passionnée par le web, l’audiovisuel et les formats innovants, je m’intéresse particulièrement aux questions de jeunesse, d’entrepreneuriat féminin et d’égalité des genres. Féministe radicale, je déconstruis les normes patriarcales à travers mes écrits et mes prises de parole. Curieuse et sensible au monde, j’aime la musique, la lecture, la cuisine du monde et les voyages qui ouvrent l’esprit. Suivez-moi sur les réseaux sociaux pour découvrir mon univers, mes combats, et mes réflexions au fil des jours.

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