Santé Mentale

J’ai fait une dépression, et j’ai décidé d’en parler

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Je me sens enfin prête à en parler : de la dépression. De ma dépression. Oui, je suis passée par là. J’ai traversé cette phase sombre et douloureuse qui vous ronge de l’intérieur, qui vous enlève toute envie de vivre, tout plaisir, toute lumière.

Une période où chaque jour ressemble à un combat silencieux, où respirer devient difficile. On est triste, désemparé, vidé de toute énergie. On ressent une douleur sourde, une colère sourde, un vide immense, un gouffre sans fond. On a l’impression que plus rien ne compte. La vie perd soudain tout son sens. Même quand on est entouré.e, même quand des choses positives se produisent, tout paraît terne. On broie du noir.

La famille, les projets, le travail, les amis… tout semble lointain, déconnecté, sans importance. Notre esprit est embrouillé. On n’arrive plus à penser clairement. Et parfois, l’idée d’y mettre fin semble la seule échappatoire.

Reconnaître la dépression, c’est déjà commencer à guérir

Le plus dur, c’est de mettre un mot sur ce mal-être. Quand on n’est pas sensibilisé à la santé mentale, on ne sait pas ce qui nous arrive. On se sent “bizarre”, “fragile”, “paresseux.se ”, même, alors qu’on est simplement malade.

Dans mon cas, l’un des premiers pas vers la guérison a été de reconnaître que j’étais en dépression. De comprendre que ce que je vivais n’était ni une punition divine, ni un manque de volonté, ni un “caprice”, mais bel et bien une maladie. Et comme toute maladie, elle nécessite une prise en charge sérieuse.

Le poids du silence et l’incompréhension

Ce qui est déroutant avec la dépression, c’est qu’elle est souvent invisible. On peut continuer à aller au travail, à sourire, à participer à des événements. On donne le change. Mais à l’intérieur, c’est le chaos. Et chaque moment de solitude devient un rappel brutal du désespoir qu’on tente de cacher.

Dans nos sociétés, parler de santé mentale reste un tabou. On dit que c’est une “maladie de blancs”, ou qu’il suffit de prier, ou encore qu’il faut “se secouer un peu”. On confond foi et psychologie, force et résistance.
Alors, quand on essaie de se confier, on fait souvent face à des réactions maladroites, voire blessantes : des conseils non sollicités, des sermons religieux, des leçons de morale ou des discours toxiques de développement personnel.

Ces réactions étouffent la parole, au lieu de la libérer. Moi aussi, j’ai gardé le silence. Longtemps. Et plus je me taisais, plus ma dépression s’aggravait.

Chercher de l’aide, c’est un acte de courage

Un jour, j’ai compris que je ne pouvais pas m’en sortir seule. Je n’avais pas l’espace pour en parler autour de moi, alors j’ai cherché de l’aide ailleurs.

Je passais mes nuits blanches à écrire, à chercher des ressources sur internet. Les réseaux sociaux, en particulier Facebook, m’ont mise sur la voie. J’ai trouvé des associations de soutien en santé mentale. J’ai échangé. Et après de nombreuses vérifications, j’ai enfin pris contact avec un psychologue en ligne.

J’ai suivi une thérapie, j’ai pris des antidépresseurs. Et c’est, sans aucun doute, la meilleure décision que j’ai prise pour moi-même.

Ce que la thérapie m’a appris

La thérapie m’a non seulement aidée à guérir, mais elle m’a transformée. J’ai appris à identifier et nommer mes émotions, à reconnaître mes limites, à dire non, à ne plus tout encaisser.

J’ai appris à me respecter. J’ai aussi appris à mieux gérer le stress, à faire face autrement aux difficultés. Et surtout, j’ai recommencé à voir du positif dans ma vie, même dans mes moments de blues.

Petit à petit, j’ai repris goût à la vie, et à des choses simples : sortir, marcher, rire, rêver.

La dépression n’est pas une honte

La dépression n’est pas une faiblesse. Elle ne fait pas de vous une personne incapable, inutile ou fragile. Elle fait de vous une personne humaine. Et comme toute maladie, elle peut guérir avec le bon soin.

Alors si vous traversez cette épreuve aujourd’hui, je veux vous dire ceci : vous n’ êtes pas seul.e. Et vous n’avez pas à tout affronter seul.e. Vous avez le droit de demander de l’aide, d’aller mal, de mettre des mots sur votre douleur, de vous en sortir.

Cherchez du soutien, professionnel si possible. Et si ce n’est pas possible tout de suite, commencez par écrire, parler, vous confier à quelqu’un qui saura simplement vous écouter. Vous méritez d’aller mieux, de vivre pleinement. Vous méritez la paix.

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Journaliste et Communicante, fondatrice d’O’Fem Magazine, un média féministe engagé dédié à l’information et à la parole des femmes. Je dirige la publication d’O’Fem avec une conviction forte : l’information peut (et doit) être un outil de libération. Passionnée par le web, l’audiovisuel et les formats innovants, je m’intéresse particulièrement aux questions de jeunesse, d’entrepreneuriat féminin et d’égalité des genres. Féministe radicale, je déconstruis les normes patriarcales à travers mes écrits et mes prises de parole. Curieuse et sensible au monde, j’aime la musique, la lecture, la cuisine du monde et les voyages qui ouvrent l’esprit. Suivez-moi sur les réseaux sociaux pour découvrir mon univers, mes combats, et mes réflexions au fil des jours.

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