Témoignage 1: Mes 1ères règles

Les premières règles sont pour beaucoup de jeunes filles une expérience traumatisante.

Malayya : Vos 1eres règles, vous en souvenez vous?

Mme Anonyme : oh oui, car l’expérience m’a marquée.

Malayya : vous nous racontez ?

Mme Anonyme : En fait j’ai vu mes règles les vacances après mon
CFPD, donc j’avais 10ans et demi comme ça.  Évidemment je n’en avais jamais entendu parler. C’est pas ma mère qui m’en parlera et mes amies avaient pratiquement mon âge. Ce n’est pas un sujet de
petites filles.
J’étais complètement paniquée, je me demandais : ‘’mais qu’est-ce qui m’arrive ?’’. C’est quoi ce sang? Et puisque c’est si intime j’avais honte d’en parler. Sachant qu’ à l’époque, je n’étais pas aussi proche de ma mère. Enfin, aujourd’hui beaucoup plus mais avant non. Et donc évidemment je ne savais pas qu’il fallait mettre une protection. J’étais sous la douche pratiquement chaque minute. Et j’ai changé je ne sais même pas combien de fois mon sous-vêtement. En fait, j’ai passé des journées entières dans les toilettes. Le plus dingue, c’est que ma mère elle n’a même pas remarquée.
Elles ont durées une semaine. Mais c’était franchement horrible. J’avais ressenti un mélange d’émotions, peur, stress panique et nervosité .
Quand c’est fini j’ai dis ouf! Enfin! C’est parti.
Et puis quelques semaines après c’est revenu. Eh bien là c’était
vraiment effrayant. J’étais persuadée que j’avais quelque chose de
grave.

La 3ème fois a coïncidé pile avec la rentrée. J’ai porté ma belle tenue, ça m’a surpris à l’école. Ma jupe était tachée, mes copines se sont moquées de moi. Je suis rentrée en larme à la maison, ma mère me crie dessus, m’insulte et me dis comment je peux aller tachée parmi mes camarades. Alors que je ne savais même pas ce que c’était. J’ai tellement pleuré. On m’accusait d’un truc que je ne connaissais même pas. C’est seulement là que ma tante a réagis et a grondé ma maman lui disant : ‘’ mais la petite ne sait même pas ce qui lui arrive’’. Elle m’explique calmement dans la
chambre ce que c’est et me dis que ça allait venir tous les mois.
Mais que désormais je ne devrais plus laisser les garçons me toucher sinon je ne les verrai plus et ça voudra dire que je suis enceinte.
Waouh ! J’étais apeurée de ouf. Je refusais même qu’un garçon me
prenne la main pensant que je vais tomber enceinte.

Et donc mes amis garçons constatant que je ne voulais même pas qu’ils me donnent la main, faisaient tout pour me forcer. Du coup quand ça arrivait qu’ils me forcent la main je croyais que j’étais déjà enceinte et j’attendais impatiemment les règles.
C’est seulement en classe de 5 ème , 2ans pratiquement après en cours d’Economie Familiale que j’ai eu les informations que je devais savoir.
C’était deux ans de peur, de panique, de stress injustifiés et
complètement stupide que j’avais subis. Et pourtant ma mère elle a fait des études.

Malayya: Comment vous êtes vous protégée ?

Mme Anonyme : j’ai utilisé des petits pagnes.

Malayya : Votre mère n’est pas revenue sur le sujet pour vous
conseiller une protection ?

Mme Anonyme : Ma mère n’a jamais voulu en parler avec moi.
Ni me poser des questions, ni me conseiller ou demander comment je faisais. C’est plus tard, une amie qui m’a fait découvrir l’existence des serviettes hygiéniques, Et c’est seulement là que j’ai commencé à
acheter. Au début pendant 3 cycles je ne me suis jamais protégée. Même ma tante m’en a parlé maladroitement, elle était gênée j’imagine. Du coup elle n’est pas rentrée dans les détails. Je me suis
débrouillée.
Malayya: votre tante ne vous a pas parlé de protection ?

Mme Anonyme : Non, ma tante m’a dit seulement que je devrais me
protéger avec des cotons, mais pas plus. Et je n’osais pas poser de
questions. Donc j’ai essayé avec les cotons simples, ça ne retenait
pas mes flux qui étaient trop abondants. J’ai alors utilisé les
morceaux de pagnes.

Malayya : Aujourd’hui, en voulez-vous à votre mère ? Avez-vous
oublié ?

Mme Anonyme : Oui. C’est loin tout ça. Mais quand j’y pense je me
dis que ma mère aurait pu m’épargner tout ça. Et honnêtement
même si j’essaye de la comprendre je lui en veux. C’était son rôle.
Surtout que plus tard à l’âge adulte on en a discuté. Et elle a aussi eu
ses premières règles à pratiquement mon âge. Donc elle savait ce
que c’était elle aurait pu m’épargner ça.
En tout cas je ne ferai pas comme ma mère avec ma fille.

Malayya: Le poids de la culture et des tabous est difficile à
oublier.

Mme Anonyme : Forcément mais bon il faut assumer son rôle quoi.

SON RÔLE : un mot lourd de sens.
Car il ne s’agit pas seulement d’avoir des enfants, il faut savoir aussi
prendre ses responsabilités. Personne ne dit que c’est facile. Bien au
contraire être parent est une tâche ardue, mais il faut s’y préparer et
assumer. C’est ça être parent.
Vous qui lisez cet article, préparez vous, pour votre fille, votre nièce,
ou n’importe quelle petite fille, pour qui vos explications seront un
cadeau inestimable.