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Femmes : grandes mobilisatrices en politique
« Nous devons sortir massivement pour nous faire enrôler pour qu’en retour les hommes politiques puissent penser à nous »
Ces propos sont de Hawa Maiga une habitante du quartier Banifandou1. Elle est une fervente militante d’un parti politique de la place. Ce vendredi matin habillée en pagne traditionnelle, grande de taille, Hawa s’est adonnée à une tâche indispensable à ses yeux : faire du porte à porte pour mobiliser les femmes afin qu’elle se fasse enrôler.
L’équipe d’enrôlement biométrique pour recenser les nigériens en vue des élections prévues dans moins d’un an au Niger est présente dans sa commune depuis 3 jours et ne va durer que deux semaines. » Je suis sortie sensibiliser les femmes parce nous les femmes nous devons sortir massivement pour nous faire enrôler pour qu’en retour les hommes politiques puissent penser à nous. » A t-elle expliqué en toute confiance.
Cette détermination de Hawa Maiga reflète le rôle des femmes dans les partis politiques au Niger, c’est à dire celui de mobilisatrice de militants.
En effet, Depuis l’avènement de la démocratie au Niger dans les années 1990, les femmes peinent toujours à avoir leur place dans les instances décisionnelles des partis politiques bien qu’elles constituent la majeure partie de la population et la plus grande partie de l’électorat. Conséquence, elles sont absentes au plus haut niveau de gestion du Pays.
« Le pouvoir décisionnel est puissant. Mais au Niger, il est masculin » nous confie madame Alhouseini Hadiza présidente des femmes du PNDS le parti au pouvoir.
Pour réparer cette injustice, le Niger a voté en juin 2000, la loi sur le quota du genre qui prévoit 10% de l’un ou l’autre sexe pour les postes électifs et 25 % pour les postes nominatifs. Une loi révisée une 2ème fois en novembre dernier. Ainsi, il est prévu 25% pour les postes électifs et 30% pour les postes nominatifs. Une révision qui intervient alors que 20 ans après son adoption, l’application de cette loi n’a jamais été effective mais pourquoi ?
Nous avons posé la question à Bazoum Mohamed Leader d’un parti politique. « Notre système éducatif est un système qui n’a pas pu faire en sorte que les filles aient une éducation conséquente jusqu’au niveau supérieur, des études universitaires. Et lorsque c’est des postes d’un certain niveau, il y’a une exigence qui est parfois contrariée par l’absence des femmes qui ont le profil nécessaire » a t-il répondu. Selon donc les hommes politiques la femme n’est pas assez instruite et compétente pour assumer une certaine responsabilité au sommet de l’Etat.
Une vision que refusent les femmes. Pour Madame Haidara Aissata Sociologue de formation très engagée également en politique, l’explication se trouve dans le contexte actuel de la société. » La question de la responsabilité en Afrique est une question de variables symboliques. La réalité voudrait qu’au plan de la responsabilité que le Mari soit chef. La femme a tout son poids au fond de sa chambre mais quand on réunit les gens dehors qu’elle cède la place aux hommes ».
L’un dans l’autre, la réalité est que beaucoup reste à faire pour les femmes nigériennes pour avoir une place conséquente et participer activement à la gestion de la cité comme le prévoit les textes de loi et même la déclaration de Beijing de 1995 dont le Niger est signataire. Le grand combat revient aux femmes qui ont le devoir de pousser la lutte pour s’imposer.
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