CHRONIQUES
ON NE TOUCHE PAS A MON HOMME: Partie 1
Une visite à cette heure ci n’est pas dans les habitudes de mon » fils ».
C’est la fermeture, et lui même ,connaissant ses horaires de cours, est libre aujourd’hui.
« Attendre n’est pas porter , » comme on dit chez moi.
Je quittais déjà le bureau et nous marchame jusqu’à la voiture, car ce n’est pas la première fois qu’il me rend visite au travail.
Et dans ces occasions, c’est lui qui prend le volant, nous rentrons ensemble, pour lui de voir son » frère et ses sœurs », mes enfants biologiques. Au moment de nous quitter il me confia le but de cette inopinée.
_ »Tâta, c’est comme ça que m’appelle ,Amal, lui qui a grandi à la ville. Ses deux autres frères m’appellent Baba « le petit nom des tantes, »au village
_Qui ya t’IL, mon garçon ?
_Je voudrais vous informer que j’ai reçu mon sujet de thèse, et aussi que j’ai choisi le thème qui honore la mémoire de ton amie.
Mon sujet s’intitule : « la traite des personnes en Afrique subsaharienne et l’azawad en particulier ».
Cette visite vaut son pesant d’or, pour qui a connu sa mère, son combat, les bouleversements qu’elle a tenté de mener dans un environnement hermétiquement fermée à toute idée d’abolition ou de relaxation, et même allant de simple considération pour la personne, ces malheureux au service des Amenokals et leurs semblables.
Mon cœur se serra, ma gorge se noua, je devins muette..Mes larmes coulaient à flots.
Je me voyais sur mes vingt cinq ans, professeur des collèges et sa mère une jeune Amenokal, épouse du prospère marchand du territoire.
J’entends dire qu’on ne choisit pas pas ses parents.
Pour ma part, je peux me permettre d’ajouter qu’on ne choisit personne. Tout est dans le destin. Me retrouver juste sortie de l’adolescence jusqu’aux portes du désert relève d’un coup du destin. Ce n’était pas dans mes plans d’étudiante. Je ne comptais même pas sortir de la capitale.
Aujourd’hui, sur mes soixante ans, je ne regrette pas cet épisode de ma vie, au contraire. Le pan le plus vaste de l’histoire de ma vie, couvre ce temps passé entre dunes de sable et oasis ; entre drames et réjouissances, orde et anarchie, finesse et harmonie.
C’était un 2 octobre, cela, je m’en souviendrai le temps qu’il faudra. Je venais de regagner mon premier poste de fonctionnaire et aussi mon premier voyage dans le nord. C’était le contraste total d’avec ce à quoi je me suis habituée, comme paysage. J’étais comme une brebis dans un troupeau de zébus. Je ne distinguais même pas ce que je ressentais, mais pas quand-même au point d’oublier les recommandations de ma chère mère.
Pour vaincre mon désarroi, je n’ai pas perdu de temps à mettre en pratique son conseil : » partout où tes pas te conduiront n’hésite pas à trouver un semblable de ton père ». Alors, je n’ai pas hésité à demander qu’on me conduise chez l’amenokal.
J’avoue que ça n’a pas été facile. J’ai du faire appel à cette fameuse parenté à plaisanterie pour arriver à dérider les visages.
Je ne suis pas outrée par l’accueil, je représente une institution dont ils n’ont rien à cirer: L’école, elle n’est pas la bienvenue dans ces contrées nomades, même si bon nombre est sédentarisé.
L’ Amenokal, ne réside pas à la ville. Je fus reçue par sa fille, une jeune femme qui devait avoir mon âge, mais d’une beauté à vous rabaisser au rang de simple servante. Mes atouts y compris mes certitudes ont fondus comme du beurre au soleil, devant ma sublime hôtesse.
Après les salutations d’usage, je lui fis part de ma situation, et mon souhait. Elle ne perdit pas son temps avec moi comme d’autres l’auraient fait devant une femme de la ville et fonctionnaire de surcroît..
Elle racla seulement la voix, et me voilà entourée de trois servantes sorties de nulle part. Elles s’emparèrent de mes colis et me firent signe de les suivre…
A SUIVRE…
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