CHRONIQUES

Destinée: Partie 8

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On en a vu beaucoup de personnes qui changent radicalement en revenant de la ville. C’est l’exemple typique de ma tante Kadidiatou, ma mère me parle assez souvent d’elle. Elles étaient dans le passé très proche mais à cause de cette histoire de mariage entre cousins, tante Kadidiatou n’est plus revenue au village sauf l’année où elle avait perdu sa mère.

Revenons à nos visiteurs, comme je le disais tantôt, Issaka a toujours été l’un des beaux garçons de ce village et je l’ai toujours apprécié mais j’ai peur que la ville ne l’ait changé. J’ai vite déposé mon canari pour venir les saluer en faisant une génuflexion. C’est comme ça qu’on nous éduque ici, « respectes l’homme car sous ses pieds se trouvent ton bonheur et ton paradis dépend de lui ». Pour le peu que j’ai appris de la religion, je sais que le paradis dépend de Dieu.

– Bonjour oncles, bonjour Issaka.

– Bonjour Fatima me répondirent-Ils en chœur.

– Issaka ? Tu as fait un bon voyage j’espère ?! Demandai-je toute intimidée par son regard.

– Oui merci, j’espère que tu vas bien ?

– Je rends grâce au tout puissant et la ville ?

– Ah ! La ville est là et me réclame déjà.

– Déjà ? Dis-je en riant.

– Bien sûr, tu verras quand tu y seras.

– Hum ! C’est vrai mais je sais que N’groum me manquera surtout ma mère.

– Et nous donc ? Demanda Aliou le plus jeune de mes oncles.

– Vous aussi oncle !

Ils se mirent à rire tous. Je me suis relevée pour prendre la direction de notre case quand mon oncle Abdoulaye me rappela.

– Fatima ?

– Oui mon oncle ?

– Issaka est venu pour vous présenter ses condoléances, il n’a pas voulu rester encore une minute de plus sans venir renchérit oncle Moussa, le père de mon cousin et fiancé.

– Oh merci Issaka dis-je en ayant les yeux baissés par pudeur cette fois.

– Je suis désolé pour ce qui est arrivé à mon oncle, il était comme un père pour moi et la nouvelle de sa mort m’avait pris de court. Je voulais venir depuis, hélas !

– Ainsi va la vie, nul n’échappe à la mort. Ce n’est pas grave, même si tu étais venu, tu n’allais rien changer. Merci de le garder dans tes prières.

– Exactement, oui pour cela ne t’en fait même pas. Sinon tu vas bien ? Tu arrives à surmonter ?

– Oui on s’adapte comme on peut, nous tous sommes destinés à partir un jour. La mort est la seule valeur sûre au monde !

– C’est vrai, je vois que tu es restée la sage fille que j’ai connue. C’est très bien !

Pour réponse, j’ai juste baissé la tête une fois de plus.

– Toutes mes félicitations aussi pour ta réussite, je suis fier de toi.

– Merci bien !

– Fatima ? Ne reste pas debout voyons. Viens t’asseoir ma fille.

J’ai exécuté en m’installant du côté de ma mère, les yeux toujours baissés. Après les salutations, je sais qu’ils vont attaquer l’autre sujet.

– Alors Fatima ? Tu sais en dehors des salutations, Issaka a aussi tenu à s’entretenir avec toi. Nous connaissons tous ses bonnes intentions qui sont d’ailleurs à encourager. C’est vrai qu’il te connaît mais ça serait bien que vous parliez en tête à tête afin que nous fixions la date du mariage et tout le reste.

J’ai juste souri parce que je ne savais pas si je devais parler ou pas mais au fond de ma tête, une question me taraudait l’esprit : est-ce que j’aime vraiment Issaka pour m’unir avec lui ? Suis-je amoureuse de lui au point de me mettre la corde au cou ? Tout ce que j’espérais ce que Dieu me fasse le bon choix !

Il s’est levé et m’a fait signe de venir. Arrivée devant la sortie de notre demeure, je me suis retournée pour fixer ma mère. Anna m’a fait signe de la tête pour me dire sûrement qu’elle approuve. Je l’ai suivi et on a longuement marché jusqu’au marigot. Du côté où nous sommes, il n’y avait pas grand monde. Que des enfants qui jouaient entre eux. C’est lui qui a pris la parole en premier.

– Alors dis-moi qu’est-ce que tu penses de tout ceci ?

Toujours la tête baissée, je jouais avec mes petits doigts.

– Tu ne veux pas répondre ?

– La décision a déjà été prise donc je n’ai pas mon mot à dire.

– Nous allons vivre toi et moi, je pense que tu as ton mot à dire tout comme moi. C’est à nous de savoir si nous voulons ou pas !

– Toi, dis-moi ce que tu penses de tout ça ? Tu le veux ce mariage ?

– J’ai toujours été amoureux de toi c’est pour cela que j’étais protecteur envers ta personne dès notre jeune âge mais le dernier mot te reviens, j’insiste.

– Issaka ? Ce n’est pas que je ne veux pas accepter d’être ton épouse mais j’ai une condition.

Il s’est tu et m’observa un moment, j’ai remarqué cela car il n’a plus rien dit. Il s’amusait juste à jeter des cailloux dans l’eau.

– Quelle est ta condition ? Demanda-t-il en fixant l’eau devant nous.

– Je veux continuer mes études !

– Études hein ? Renchérit-il en soupirant.

– Oui mes études. Tu sais que j’ai eu mon bac cette année et je ne veux pas me détourner de mes rêves.

– Bien sûr que tu vas continuer tes études. Je ne vais pas t’imposer ce que tu ne veux pas et je pense que c’est dans notre intérêt commun que je te laisse aller jusqu’au bout. Au contraire, je t’encourage même.

Il a d’abord été hésitant puis a accepté, je ne sais pas pourquoi mais j’avais un mauvais pressentiment. J’observais chaque geste car mon professeur de philosophie m’a toujours dit que quand l’humain parle, il faut avoir le sens de l’observation car chaque détail compte.

A suivre…

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Écrivain/nouvelliste/chroniqueur, Koko sobriquet d’écrivain et signature de la KokoStory. Je suis touche à tout, volontaire, défenseur de droit de l’Homme. Voyage, cuisine, lecture, écriture, la danse, font parti de mon quotidien, en général, la vie me passionne quoi !

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