Leadership O'feminin

Interview avec l’activiste Aminatou Daouda Hainikoye

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Juriste, entrepreneure et activiste, Aminatou Daouda Hainikoye porte plusieurs casquettes et représente valablement le leadership féminin nigérien. Dans cet entretien elle nous parle de son parcours.

Présentez-vous à nos lecteurs.

Je suis une jeune femme nigérienne diplômée en droit public à l’Université Abdou Moumouni de Niamey et titulaire d’un certificat sur les élections obtenu à l’Université de Floride aux Etats Unis. Je fais partie également de la première promotion de YALI (Young African Leaders Initiative) du Président Barack Obama en 2010 et est Coordinatrice de Give1ProjectNiger.

Après le BAC, vous ne vouliez pas aller à l’université de Niamey à cause de tout ce qu’on en dit. Qu’est-ce qui vous a fait changé d’avis?

Devenir journaliste, est un rêve d’enfance pour moi. C’est ainsi qu’à l’obtention de mon BAC A4 en 2000 et coïncidence faite, la RTT a lancé un avis de recrutement auquel j’ai participé et j’ai été retenue avec 3 autres collègues dont les filles (2) ont été affectées à la Télé comme reporters.

Mais après seulement un stage de 2 mois et suite aux conseils d’un proche parent qui disait que je suis encore jeune et pleine de talent pour réussir mieux à l’Université, j’ai vite abandonné et je me suis inscrite à la faculté de droit.

Vous êtes finalement allée à l’université. Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous avez été confrontée?

Le premier défi était qu’à l’époque tout le monde, du moins beaucoup d’étudiants de l’Université abandonne la faculté au profit des instituts et écoles professionnelles de la place. Donc voir quelqu’un faire l’inverse, c’est vraiment osé. Mes amis ne me comprenaient pas mais moi j’y croyais et je m’étais engagée à aller de l’avant. L’autre défi est la faculté de droit elle-même qui était diabolisée car à l’époque nous étions trop nombreux (1000 et quelques) étudiants rien qu’à la première année. Les infrastructures universitaires ne suffisaient pas, donc à chacun de se battre comme il peut.   A ces 2 défis majeurs il faut ajouter certains non moins importants, mais malgré tout nous sommes qu’à même arrivée à relever le défi, sortir de la faculté avec une maitrise en poche. Alhamdoulilah.

Vous-vous êtes très tôt engagée dans la vie associative, parlez nous de votre parcours dans le domaine?

Très tôt, déjà en classe de 5ème j’étais engagée sur les questions de défense et de promotion des droits humains et particulièrement sur les droits de la femme musulmane.Cet élan d’activiste m’a été inspiré par une tante que je remercie au passage de m’avoir initié et auquel j’ai pris goût. Depuis lors, j’ai passé toutes mes études du collège en passant par le lycée jusqu’à l’Université à cumuler  études et militantisme dans les ONGs tant au niveau national que sous régional africain.

Vous êtes la coordinatrice d’une association de jeunes dénommée GIVE1PROJECT Niger, parlez nous de ce cadre et de ses principaux objectifs ?

Je suis la coordonnatrice de Give1ProjectNiger depuis sa mise en place en 2014 au Niger. C’est une structure d’envergure mondiale présente dans une trentaine de pays à travers le monde.Give1 Project Niger est une organisation non-gouvernementale et à but non-lucratif.La mission de Give1Project/Niger est de faire émerger des jeunes leaders d’envergure mondiale dans chaque communauté.(…)Elle a pour vision d’apporter l’énergie nécessaire à un élan collectif positif en soutenant, encadrant, formant, valorisant et donnant de l’espoir à la jeunesse qui fera le monde de demain, tout en offrant l’opportunité de devenir les futurs « fer de lance » d’un monde meilleur, avec l’apport de compétences nouvelles, d’une volonté d’innover, de passion pour le développement et la politique.

Vous êtes aussi entrepreneure, vous venez de créer un cabinet de recherche et de consultation, parlez-nous en ?

Par la grâce d’Allah, nous venons de créer un cabinet de consultation et d’études dénommé «HC/HainikoyeConsulting », dont je suis la Directrice Générale appuyée par 4 collaborateurs.Nous intervenons dans le domaine des services avec une expertise dans: les études, l’assistance juridique, facilitation et organisation des ateliers/séminaires, formation sur modules et à la demande, facilitation de partenariat, coaching en vie associative etc.

Aminatou vous voyagez souvent dans le cadre du travail. Quelles expériences tirez-vous de ces voyages ?

Les expériences acquises dans mes multiples voyages, concernent surtout notre capacité de se prendre au sérieux vis-à-vis de l’autre (homme), de disposer les compétences requises pour le travail et d’être forte de caractère pour faire face à toute éventualité. En résumé d’avoir à l’esprit que nous sommes dans la jungle, pas de cadeau pour personne y compris les femmes.

Pour vous, être une femme est-ce un atout ou un handicap, quand on veut être leader et entrepreneure au Niger ?

Pour moi être une femme est un atout voir même une chance. Il suffit juste d’en être consciente, avoir une vision et se donner les moyens de l’attendre c’est-à-dire créer ou tisser des alliances ou partenariats avec les hommes (père, mari, frère ; ami ou collègue etc.) qui nous entourent et on y arrivera.Aussi l’autre chose, c’est d’être fière de son identité culturelle, car elle ne nous empêche pas d’émerger mais au contraire de s’affirmer et de constituer une source d’inspiration aux autres.

Des regrets dans votre parcours ?

Non, j’en avais pas eu encore mais par contre des défis énormes auxquels j’ai fait face en tant que femme.La femme nigérienne ne jouit toujours pas de la plénitude des droits qui lui sont conférés par la constitution, et cela du fait des préjugés sociaux et de la mauvaise interprétation de notre religion.C’est pourquoi notre premier défi en tant que femme est d’inscrire à l’école toutes les filles en âge d’aller à l’école et d’alphabétiser celles n’ayant pas eu la chance de fréquenter l’école, c’est l’unique solution pour relever le défi et participer aux efforts de construction nationale en tant que citoyenne à part entière.

Votre message à l’endroit des jeunes filles Nigériennes ?

Qu’il est temps de se réveiller et travailler pour mériter le respect des autres.

D’enlever à l’esprit toute idée du quota qui au lieu de motiver les femmes à se battre, freine leur émergence car elles se contentent juste du peu qu’on leur offre alors qu’elles peuvent faire beaucoup mieux.

Archives Irdidjo Magazine 2016

Journaliste et Spécialiste en Communication, Digitale Entrepreneure. Fondatrice d’ Ir Didjo & d’O’Fem Magazine et Directrice de publication. Passionnée par le web et l’audiovisuel. S’intéresse aux questions de jeunesse et d’entrepreneuriat. Féministe Radicale. Aime la musique, la lecture, la cuisine et les voyages. Suivez-moi sur mes réseaux pour en savoir davantage sur moi.

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