Mariage
Kauyawa party, le show à la villageoise
Chaque culture à travers le monde a sa façon de célébrer un mariage. Lorsque dans une communauté, deux êtres décident de s’unir pour le meilleur et pour le pire, il est impératif à leurs congénères de partager avec eux, cette joie qui on l’espère les accompagnera tout au long de leur vie. La façon dont celle-ci est exprimée dépend des milieux, des cultures, des moyens, et parfois même des occasions.
Le Niger, pays où cohabitent une dizaine d’ethnies, n’échappent pas à cette règle. Même si les cérémonies de mariages ne sont plus aussi traditionnelles qu’avant, certaines coutumes sont tout de même en train de refaire surface.
A Niamey par exemple, au cours des cérémonies (chez les Hausa surtout) il y a cette nouvelle tendance qui est de plus en plus à la mode chez les jeunes : le « Kawayawa party » littéralement fête des villageois ou encore « le show à la villageoise ».
Dès que la date d’un mariage est fixée, les amies de la mariée se fixent un rendez-vous pour organiser un show comme au village. Cette fête peut coïncider avec le jour du « sa lallé »1 ou le jour du mariage même.
Au jour et à l’heure du rendez-vous préalablement fixés, les amis de la mariée arrivent complètement déguisés. Pour les filles, c’est le moment de se lâcher, et faire un maquillage totalement à la « kauyawa ». Faire déborder les rouges à lèvres, se peindre le visage au fond de teint, des tracés de sourcils hors normes. Un maquillage comme elles n’oseront jamais faire pour sortir. Certaines imitent même des balafres aux crayons, pour mieux se mettre dans la peau de leur personnage villageois. Impossible de finir une « sape » de kauyawa party sans porter le tee-shirt à rayures multicolores, très à la mode dans les villages. Ou encore des marinières.
Pendant ce temps, les garçons aussi dans leurs coins s’échangent leurs chemises, boubous et pantalons usés, expressément portés pour l’occasion. Certains d’entre eux ajoutent parfois quelques balafres sur leurs visages.
C’est alors au « mai ganga », le griot invité pour l’occasion de donner l’alerte, avec des coups de tam-tams affolant. Les deux groupes, guidés par le rythme enivrant, vont ainsi rejoindre le « mai ganga » pour esquisser des pas de danses endiablés.
Par ailleurs, c’est l’occasion aux petits revendeurs de cannes à sucre, fruits de palmiers doum et d’eau fraiche de se faire des recettes. Car Impossible de garder le rythme sans croquer ces fruits et les arroser d’eau bien fraîche. Ceux qui n’ont pas les moyens d’inviter le griot, se contentent des baffes de leur poste radio, avec une playlist bien choisie pour l’occasion. Et ce jusqu’à la fin de la journée.
Ce show permet aux jeunes de se lâcher tout en passant une journée dans la peau de leurs semblables du village.
1 Le « sa lallé » est une cérémonie au cours la mariée est imbibée de henné, ce qui marque un grand pas vers sa future vie de mariée.
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