Mariage

Le mariage est-il compatible avec le féminisme ?

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Quand on est féministe, et qu’on comprend les mécanismes historiques, sociaux et politiques de domination, il devient très difficile de voir le mariage comme une simple affaire de sentiments. Parce que derrière la dot, la robe blanche et les alliances, il y a une institution qui a été conçue par et pour les hommes, pour encadrer, contrôler et exploiter les femmes. On peut refuser de l’admettre, on peut se mentir à soi-même… mais ça ne changera rien à la réalité.

Le mariage, outil du patriarcat

Historiquement, le mariage n’a jamais été une union d’égal·e·s. C’était un contrat. Un transfert de propriété : celle d’une femme, de son père à son mari. Ce que l’on appelle “amour” aujourd’hui n’était même pas une condition nécessaire. Ce qui comptait, c’était la virginité, la descendance légitime, le contrôle du corps féminin.

Dans presque toutes les sociétés, les femmes ont été légalement subordonnées à leur mari : obéissance, devoir conjugal, incapacité juridique, impossibilité de divorcer. Et même là où les lois ont évolué, les normes patriarcales restent puissantes. Le mariage continue de favoriser les hommes, socialement, économiquement, symboliquement.

Une institution qui résiste au changement

On entend souvent : “Le mariage, aujourd’hui, c’est différent. On peut en faire ce qu’on veut.” Peut-être. Mais la vérité, c’est que même les couples les plus progressistes reproduisent souvent les schémas traditionnels : la femme qui gère le foyer, les enfants, la charge mentale, qui sacrifie ses ambitions… pendant que l’homme poursuit sa carrière, ses projets, sa liberté.

Le mariage est rarement un contrat d’égal à égal. Il se joue dans un monde qui n’est pas égalitaire. Et même les “bons” hommes, ceux qui se disent féministes, bénéficient malgré eux de l’asymétrie structurelle de cette institution.

Aimer quand on est féministe : un dilemme

Alors que faire quand on est féministe et qu’on aime ? Quand on a envie d’une relation stable, d’un engagement, parfois même d’une famille ? Doit-on renoncer à tout, par cohérence politique ? Ou se résigner à faire avec, en espérant “faire mieux” que nos mères ?

Ce dilemme, je le vis. Et je ne suis pas la seule. On nous demande de croire que l’amour et le mariage vont de soi, que l’un implique l’autre. Mais le mariage n’est pas neutre, il n’est pas innocent. Il porte en lui une histoire de domination. Et il faut être lucide : s’y engager, c’est entrer dans un espace piégé, où même la plus grande vigilance ne suffit pas toujours à empêcher les glissements vers l’injustice.

Certaines essaient de “repenser” le mariage : cérémonies non officielles, contrats équitables, refus de changer de nom, partage strict des tâches. D’autres choisissent de ne pas se marier du tout. Il n’y a pas une seule bonne réponse. Mais il est urgent de ne plus faire semblant que le mariage est une affaire privée. C’est une affaire profondément politique.

Et maintenant ?

Cet article n’est pas un appel à boycotter le mariage. C’est un appel à la conscience. À la cohérence. À l’honnêteté. Oui, on peut aimer. Oui, on peut s’engager. Mais savoir où on met les pieds, avec qui, et à quel prix, est nécessaire pour notre propre équilibre.

Il est temps d’inventer de nouvelles façons d’être ensemble. D’imaginer des relations qui ne nous étouffent pas, qui ne nous réduisent pas, qui ne nous font pas trahir nos convictions. Le féminisme, ce n’est pas l’interdiction d’aimer. C’est le refus de se perdre.

O’Fem Magazine est un magazine d’information en ligne et sur papier , avec une WEBTV dont l’objectif est de traiter l’actualité des femmes Nigériennes et Africaines.

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